Dans toutes les bonnes séries de notre enfance ou les bons films de série Z, il existe un second rôle drôle et gaffeur : Joey dans friends, Rantanplan dans Lucky Luke ou encore Monsieur Drumond dans Arnold et Willie. Pour ce blog, j'ai décidé que ce rôle serait attribué à Monsieur Chat, mon colocataire félin.
Un soir, alors qu'il n'avait que six mois, Monsieur Chat n'avait pas l'air très bien. Il n'arrivait pas à uriner. Il avait essayé dans sa litière, sans résultat, alors il a essayé de se soulager un peu partout dans l'appartement, histoire de voir si ça marchait pas mieux : sur le parquet, sur le lit, sous les meubles ; rien à faire, ça ne sortait pas. Il avait l'air de souffrir quand même, et pire, il semblait devenir insensible à ses stimuli habituels ; pas de réaction au bruit magique des croquettes dans le bol, pas volontaire pour engloutir un petit sachet de viandes pour matoux, même pas intéressé par un yaourt ou une saucisse pleine de bonne graisse de cochon. Ç'aurait été la soirée idéale pour commander des sushi à la maison et les déguster en paix, pour une fois, sans un chat qui tente par tous les moyens, au delà même du respect des accords de Genève, de venir avaler le petit morceau thon sur la boule de riz.
Le lendemain, on est allé déposer ce chat chez le vétérinaire, qui a diagnostiqué un syndrome du chat bouché. Il nous l'a rendu tout flappi et vidé, avec tout un tas de médicaments pour chats très très chers, et une radio du chat montrait précisément l’emplacement des caillots. Le véto, très fier, nous disait qu’il avait utilisé une vieille technique de l’école vétérinaire : il a appuyé très fort sur la vessie du chat pour tout faire sortir. Beau métier. Après nous avoir reproché d’avoir acheté ces saloperies de croquettes de commerce, il nous recommandait de garder un œil sur Monsieur Chat si si d'aventure le mal le reprenait.
Le soir même, ou plutôt la nuit suivante, alors que je rêvais que mon appartement s'était transformé en glace Hagens Das géante, Monsieur Chat s'est mis à témoigner de fortes douleurs dans la vessie.
Dans la panique provoquée par ces hurlements et la réaction éventuelle des voisins, nous avons contacté SOS Véto, qui intervient pour les urgences vétérinaires à domicile.
- Allooo, SOS véto bonjour !!
- Oui, on a un chat qui est bouché !
- Ca à l'air grave ?
- Je sais pas, il a l'air de se plaindre en tout cas
- Passez le moi, et appuyer sur sa vessie
- c’est où ?
-… devinez…
- MIAUOUOUOUOUOUWOUWOU
- Ha, vous avez trouvé ! Ressayez pour voir
- MIAUOUOUOUOUOUWOUWOU…GRRR
- On vous envoie quelqu'un tout de suite!
Sur la base des hurlements du chat, le Docteur Boulet (véridique !!) est venu nous rendre une petite visite à deux heures matin. J’ouvre une parenthèse, mais sur le coup, il a d’abord fallu résoudre le dilemme de notre tenue vestimentaire, ma demoiselle et moi. Et oui, à cette heure, on est censé dormir, mais on ne va pas recevoir un toubib en pyjama, c’est-à-dire en vieux caleçon et t-shirt publicitaire. S’habiller ? C’est ridicule, il est tard, et on est sensé dormir. Mettre un peignoir ? Non, on ne tourne pas un porno. Seule solution : mettre ce vieux pantalon de jogging qui attends au fond du placard que je le sorte pour son premier footing depuis 3 ans !
Le Docteur, l’air sérieux, équipé d’une grosse mallette, plaça le chat sur notre table de cuisine. D’une main, il le tenait fermement par la peau du cou, de l’autre, il palpait différentes parties du chat, provoquant des miaulements plus ou moins aigus. On aurait dit un orgue, qui joue du chat méchant et trop fort. « Vous inquiétez pas pour le bruit, les sons graves ne passent au travers des murs et n’iront pas réveillé le voisinage » nous a dit le véto… la torture a de belle heure devant elle encore.
Quand il a relâché Monsieur Chat, celui-ci s’est réfugié dans sa cachette préférée : la zone sous le canapé inaccessible par mes bras, pendant que le docteur nous disait : « Ben il va pas si mal votre chat, c’est juste qu’il est bon comédien ! Ca ira mieux demain, et surtout éviter de lui donner ces saloperies de croquettes du commerce, ca bouche tout ! Je raconte pas l’état de certains chats bouchés, moins pleurnichard que le votre ! Allez, on m’appelle pour un accouchement d’éléphant, bonne nuit ! »
Sur ces paroles, il nous délesta de plusieurs dizaine d’euros et s’éloigna dans la pénombre de la nuit nous laissant seuls dans le désarroi, au milieu des miaulements rauques de ce chat tapageur.
29 septembre 2006
26 septembre 2006
Comment ne pas devenir un super héros en quelques détours narratifs
Souvenez-vous du mois de juillet dernier, la canicule s'était imposée comme le sujet tendance de nos conversations à la place du coup de boule de Zidane. Nous lui avons tous consacré quelques bols de salives.
Je me souviens d'abord de cette femme étrange dans le métro qui apostrophait les autres voyageurs « il fait chaud ! on parle à la télé des animaux qui souffrent à la ferme, mais nous aussi, on en peut plus ! ». Je pense qu'elle essayait d'exprimer sa colère contre le JT de Jean Pierre Pernaud, mais il n'était pas dans la rame à ce moment là.
Au bureau, la clim était en panne. Au début, on a hésité à appeler un réparateur, la dernière fois on était tombé sur le technicien le plus désagréable de la planète (peut être le mari de la femme du métro), qui nous avait vertement tancé « mais si la clim elle fonctionne ! Il faut peut être plus de confort pour ces demoiselles ! Vous voulez des cocotiers et un groom qui agite une plume ?? ». On n'a pas compris.
Quelques degrés plus tard, on a fini par appeler un réparateur et on a accueillie Steve, un p'tit technicien de 20 piges. Il était rigolo, je lui ai montré tous les placards bizarres du bâtiment, celui avec l'accès à la terrasse, celui avec les gros tuyaux qui fond du bruit. Quand il est parti, il m'avait expliqué que c'était en raison d'un problème de puissance de l'alimentation électrique, mais il ne pouvait pas la réparer.
C'est là qu'on a reçu des mails collectifs de la directrice adjointe à destination du responsable des services généraux (le type qui s'occupe de l'immobilier et des emmerdes qui vont avec, et non pas un type qui fait tout ce qu'on pourrait lui demander de faire en général).
Après quelques phrases amusantes du style « on va tous fondre », ou «on dégouline déjà », la dite directrice adjointe s'en prenait à mon petit Steve « Peut être qu'un technicien mieux expérimenté serait en mesure de réparer la climatisation ». Alors, ça, c'est fort ! Une fois de plus, la jeunesse est synonyme d'irresponsable. « Ca suffit, j'ai dit comme ça à une collègue, je vais prouver que le technicien avait raison ». J'ai fouillé dans mes souvenirs de MacGyver et « C'est pas sorcier », mais je n'ai pas pu prouver la véracité scientifique de ce diagnostic. Après, je suis parti en vacances et la clim fonctionnait à mon retour. Une fois de plus, j'ai raté une bonne occasion de devenir Super Monsieurtype », l’homme qui lave en l'honneur des plus faibles en public.
Je me souviens d'abord de cette femme étrange dans le métro qui apostrophait les autres voyageurs « il fait chaud ! on parle à la télé des animaux qui souffrent à la ferme, mais nous aussi, on en peut plus ! ». Je pense qu'elle essayait d'exprimer sa colère contre le JT de Jean Pierre Pernaud, mais il n'était pas dans la rame à ce moment là.
Au bureau, la clim était en panne. Au début, on a hésité à appeler un réparateur, la dernière fois on était tombé sur le technicien le plus désagréable de la planète (peut être le mari de la femme du métro), qui nous avait vertement tancé « mais si la clim elle fonctionne ! Il faut peut être plus de confort pour ces demoiselles ! Vous voulez des cocotiers et un groom qui agite une plume ?? ». On n'a pas compris.
Quelques degrés plus tard, on a fini par appeler un réparateur et on a accueillie Steve, un p'tit technicien de 20 piges. Il était rigolo, je lui ai montré tous les placards bizarres du bâtiment, celui avec l'accès à la terrasse, celui avec les gros tuyaux qui fond du bruit. Quand il est parti, il m'avait expliqué que c'était en raison d'un problème de puissance de l'alimentation électrique, mais il ne pouvait pas la réparer.
C'est là qu'on a reçu des mails collectifs de la directrice adjointe à destination du responsable des services généraux (le type qui s'occupe de l'immobilier et des emmerdes qui vont avec, et non pas un type qui fait tout ce qu'on pourrait lui demander de faire en général).
Après quelques phrases amusantes du style « on va tous fondre », ou «on dégouline déjà », la dite directrice adjointe s'en prenait à mon petit Steve « Peut être qu'un technicien mieux expérimenté serait en mesure de réparer la climatisation ». Alors, ça, c'est fort ! Une fois de plus, la jeunesse est synonyme d'irresponsable. « Ca suffit, j'ai dit comme ça à une collègue, je vais prouver que le technicien avait raison ». J'ai fouillé dans mes souvenirs de MacGyver et « C'est pas sorcier », mais je n'ai pas pu prouver la véracité scientifique de ce diagnostic. Après, je suis parti en vacances et la clim fonctionnait à mon retour. Une fois de plus, j'ai raté une bonne occasion de devenir Super Monsieurtype », l’homme qui lave en l'honneur des plus faibles en public.
23 septembre 2006
Tourisme
Paris est une ville vraiment particulière, surtout quand on la vit, comme moi, depuis un regard de provincial. Prenons l'exemple du touriste étranger, qui vit parmi nous, mais dans ses endroits à lui.
C'est un peu comme les oliviers qui ne poussent que dans des conditions climatiques très particulières, le touriste à Paris n'est qu'à ses petits endroits. On traverse une rue, un trottoir, et il a disparu. Par exemple, le touriste fourmille sur les Champs-Élysées, mais est mystérieusement absent dans les rues parallèles, comme s'il était absorbé par le métro vers un autre lieu de prédilection de touriste. J'imagine les escalators du métro happant le flux de touristes de Franklin Roosevelt pour les recracher au Trocadéro ou à Pigalle.
Ce qui est amusant aussi, c’est qu’en présence des touristes, on change de ville, on passe du Paris crado au Paris magique que l'on ne voit que dans les films américains (généralement lors d’une scène précédant la destruction de la ville ou la confirmation des clichés d'outre atlantique).
Il y a par exemple les musiciens ou les chanteurs de rue chez qui on décèle un certain talent. Dans mon coin du 17ème arrondissement, les seuls musiciens que l'on croise jouent en boucle le même air de trompette depuis plusieurs années, ils doivent avoir les doigts qui bougent tous seuls pendant leur sommeil à force de répéter le même mouvement sur les pistons.
Les touristes nous aident aussi à rendre le transport en métro plus amusant. Qui s'est perdu et bredouille une question sur l'itinéraire en anglais (c'est drôle Reuilly Diderot en anglais), qui déploie son plan dans la rame à grand renfort de coup de coude involontaire, qui demande à se rapprocher de la porte deux stations avant en usant de poussettes pas du tout subtiles… Vous cherchez un touriste perdu ? Allez faire un tour à Brochant (ils veulent tous faire un tour au stade de France) ou à Gare de l’Est (mais où donc est cette gare du nord ?)
En même quand je me mets à jouer les touristes dans une ville étrangère, je dois non plus être plus malin. Je me souviens m'être perdu dans le tramway de Bruxelles, avec toutes ces lignes qui utilisent le meme tronçon, c’est compliqué, ou j'ai acheté à Londres une carte de transport zone1-2 par réflexe, alors qu’il n'y a rien à faire en Zone 2!… qui sait d’ailleurs si un anglais ou un belge n'est pas à l'heure actuelle en train d'écrire un post au sujet des touristes français dans son blog…
Pratique et tendance : le plan de métro imprimée sur la cravate
21 septembre 2006
Les surnoms
Qu’est ce qui fait qu’un surnom fonctionne ? Que tout le monde se mette à l’adopter, sans se poser de questions, à en oublier le vrai prénom ? On pourrait poser la questions aux spécialistes des slogans, du coté des publicitaires (et non les publicistes, qui, eux, travaillent uniquement chez Publicis) ou bien chez Raffarin, qui a un si célèbre sens de la formule, souvenez-vous des « la pente est rude, mais la route est droite », ou bien « il faut dire non au non et oui au oui ».
Dans le très chic quartier du 8ème arrondissement où j’effectue l’essentielle de mon activité salarié, je croise tous les jours un sans abri, qui a élu domicile sur le seuil de l’entrée de l’immeuble de mon employeur. Il est arrivé là avec l’été et il occupe ses journées à quémander un peu de monnaie aux passants, à regarder les oiseaux, à entretenir des conversations avec son reflet dans la glace ou à finir les invendues des sandwicheries alentours en étalant les emballages sur les deux roues stationnées devant l’entrée.
En fait, personne ne connaît son nom, mais j’ai décidé de l’appeler Norbert. Il y a plusieurs années, j’ai passé des vacances en Ariège avec moult amis. Il y avait là-bas un homme sans age, qui devait être né en même temps que la montagne, et qui vivait comme les hommes des temps anciens. Il cultivait ses légumes lui même, sûrement féru des soupes de carottes pleines de terre, et élevait ses propres lapins, qu’il engraissait, tuait, et mangeait. Sauf quand l’un de ces lapins lui devenait trop sympathique, il lui donnait un prénom, et s’y attachait avec force, comme une tique dans les fesses d’un obèse.
Il s’appelait vraiment Norbert, lui ; sa barbe foisonnant, sa crasse fièrement abhorrée sur tout son visage et sa propension à privilégier le short par toute saison me rappellent ce sans abris, qui a su s’attirer la sympathie de tout l’immeuble. Du coup, on l’appelle tous Norbert, le surnom a bien pris. La compta, du 2ème étage, s’enorgueillit de lui donner de temps en temps les plateaux repas en trop. Le service international, du 4ème, lui a déjà donné des feuilles de papier, sans que, nous, au 1er étage, on n’ait vraiment compris pourquoi…
C’est que Norbert, il est sympathique, il nous ouvre et tient la porte, nous salue, nous souhaite bon appétit quand nous partons déjeuner. J’ai vaguement tenté de changer son surnom en Spirou, un groom plein de zèle, mais non, tout l’immeuble s’y est refusé, il ne faut pas se montrer trop humiliant pour autrui m’a-t-on fait comprendre, comme si je n’avais jamais assisté à une séance de catéchisme.
Alors que penseraient les experts ès slogans de cette situation ? En fait, la vraie question est plutôt pourquoi personne n’ose lui demander personnellement son vrai prénom, de peur qu’on fait il s’appelle Louis, ou Jean, ce qui le rendrait moins mystérieux…ou tout simplement plus humain, plus proche de nous et sa misère en serait sûrement moins supportable à nos yeux de cadres privilégiés…
Dans le très chic quartier du 8ème arrondissement où j’effectue l’essentielle de mon activité salarié, je croise tous les jours un sans abri, qui a élu domicile sur le seuil de l’entrée de l’immeuble de mon employeur. Il est arrivé là avec l’été et il occupe ses journées à quémander un peu de monnaie aux passants, à regarder les oiseaux, à entretenir des conversations avec son reflet dans la glace ou à finir les invendues des sandwicheries alentours en étalant les emballages sur les deux roues stationnées devant l’entrée.
En fait, personne ne connaît son nom, mais j’ai décidé de l’appeler Norbert. Il y a plusieurs années, j’ai passé des vacances en Ariège avec moult amis. Il y avait là-bas un homme sans age, qui devait être né en même temps que la montagne, et qui vivait comme les hommes des temps anciens. Il cultivait ses légumes lui même, sûrement féru des soupes de carottes pleines de terre, et élevait ses propres lapins, qu’il engraissait, tuait, et mangeait. Sauf quand l’un de ces lapins lui devenait trop sympathique, il lui donnait un prénom, et s’y attachait avec force, comme une tique dans les fesses d’un obèse.
Il s’appelait vraiment Norbert, lui ; sa barbe foisonnant, sa crasse fièrement abhorrée sur tout son visage et sa propension à privilégier le short par toute saison me rappellent ce sans abris, qui a su s’attirer la sympathie de tout l’immeuble. Du coup, on l’appelle tous Norbert, le surnom a bien pris. La compta, du 2ème étage, s’enorgueillit de lui donner de temps en temps les plateaux repas en trop. Le service international, du 4ème, lui a déjà donné des feuilles de papier, sans que, nous, au 1er étage, on n’ait vraiment compris pourquoi…
C’est que Norbert, il est sympathique, il nous ouvre et tient la porte, nous salue, nous souhaite bon appétit quand nous partons déjeuner. J’ai vaguement tenté de changer son surnom en Spirou, un groom plein de zèle, mais non, tout l’immeuble s’y est refusé, il ne faut pas se montrer trop humiliant pour autrui m’a-t-on fait comprendre, comme si je n’avais jamais assisté à une séance de catéchisme.
Alors que penseraient les experts ès slogans de cette situation ? En fait, la vraie question est plutôt pourquoi personne n’ose lui demander personnellement son vrai prénom, de peur qu’on fait il s’appelle Louis, ou Jean, ce qui le rendrait moins mystérieux…ou tout simplement plus humain, plus proche de nous et sa misère en serait sûrement moins supportable à nos yeux de cadres privilégiés…
20 septembre 2006
Pourquoi ce blog ?
Pourquoi ce blog ? Oui, c’est vrai, le blog n’est plus le phénomène de mode qu’il a été, on serait dans le creux de la vague, comme dirait Eric Tabarly, ou Jack Johnson. Déjà, on a vu des sujets sur les blogs au best of de l’été de Capital sur M6, c’est dire le retard.
Et puis, pour quelles raisons créer un blog ? Je ne suis pas candidat à l’élection présidentielle, je ne suis pas candidat à la mairie de Bordeaux, je ne dirige une société de blog en me présentant de manière plus ou moins exagérée comme la référence des blogs en France, je ne souhaite pas sortir un livre ou générer du trafic et surtout je ne souhaite pas être découvert sous mon pseudonyme…
Du coup, ce blog ne sert à rien, vous n’y trouverez que des banalités sur les choses que vous connaissez déjà. Des petites moments choisis comme ça. L’inspiration, c’est Nanaimo, sur http://aboutnothing.org, un blog discret mais précieux. Mais bon, on peut le laisser faire tout le boulot tout seul, il y a tellement de choses banales dans la vie dont il faut parler.
Pour fêter dignement cet événement, retrouvez mes dernières histoires sur ce fameux blog dont je fais tant d’éloge http://www.aboutnothing.org/article-3860427.html. Bonne lecture…
12 septembre 2006
Francis Poupou, le garde du corps au cœur gros comme son poing
Francis est garde du corps. Il a environ 50 ans. Il est grand, costaud et impressionnant. Son allure fait penser à un gorille, une armoire à glace, une goodwill, bref, tout ce qui est imposant et force le respect. Une tête ronde et bien vide surplombe cette masse de muscle, et les derniers cheveux du crâne ont enfin fui ce désert d'expressivité.
J'ai rencontré Francis à l'occasion d'un salon professionnel il y a plusieurs mois, où mon emploi m’avait conduit à gérer des aspects logistiques. Lui, le colosse, était là pour faire garde du corps et le chauffeur des dirigeants et journalistes présents sur le salon. C'est dans la voiture nous ramenant à Paris, que, accompagné d’un collègue, j’ai la chance de dialoguer avec lui. Voici un résumé des trois heures qui ont suivies.
D'abord, Francis n'est pas seulement garde du corps. C'est un extra. Son vrai métier c’est prof de combat. « Je suis prof de free fighting, un des seuls sur Paris. J'ai une ceinture noire de Karaté, j'ai fait des années de boxe, et je connais la boxe thaï. Le free fighting c'est un mélange de tout ça, mais sans les règles » Une chose est sure : la sécurité des dirigeants est bien assuré !
« Je croyais que c'était interdit ce type de combat ? Il n'existe pas de fédérations de ce genre en France ? » dis-je, mi naïf, mi craintif.
- Bien sur que ça existe ! D'ailleurs, j'ai vécu des années au Etats-Unis, et j'étais professionnel d'ultimate combat. J'ai fait 123 combats, et j'en ai gagné 103 ! Mon surnom c'était « le cobras », statique sur les jambes mais vif avec les bras. Bon, bien sûr, de temps en temps, on se mettait d'accord sur l'issue du match. Un coup c'est toi, un coup c'est moi qui gagne. Comme en politique.
- et les cours se passent comment ?
- il faut aimer travailler dur dans mon cours. Le combat, c'est avant du réflexe, et le réflexe s'acquiert à l'entraînement. Dans mon cours, je reçois tout type de personnes. Tiens, bah l'autre jour, j'avais un espèce de tchèques ou de Yougo. Il voulait pas enlever ses randgers aux pieds. Et ben je l'ai maté ! Je l'ai pris en démonstration, et quelques clés plus tard, il en pouvait plus. Et il reviendra plus j'espère ! J'étais près à lui casser un bras. Et j'aurais pu le faire! D'ailleurs, il ne faudrait que deux doigts pour tuer un homme. Et encore, un seul suffit, le second sert à maintenir. Deux doigts, comme ceux-là » me disait-il en me montrant ces deux énormes doigts.
En plus d'être prof de combat pour des particuliers, il donne aussi des leçons aux brigades spéciales de la gendarmerie. Quand il a encore un peu de temps, il exerce la fonction de détective privé « oui, je suis assermenté. Ça veut dire que si je témoigne au tribunal, ça a plus de valeur que quelqu'un qui ne l'est pas. Et puis ça m'arrive de bosser sur des cocus, mais souvent c'est pour les entreprises. On suit des clients, on vérifie qu'ils ne rencontrent pas des gens que notre employeur ne préfère pas qu'ils rencontrent, ce genre de chose. »
Quand il ne broie pas les os d'autrui ou ne démantèle pas des réseaux d'espions industriels, Francis se passionne pour les nouvelles technologies. « J'adore l'informatique. D'ailleurs, avec mes gars (ses élèves) on s'échange des DivX pornographique. Et puis des fois, c'est pas exprès, on croit avoir un Stalonne ou un Jackie Chan, mais c'est un porno. Alors bon, on le regarde jusqu'au bout quand même. » Par-dessus tout, Francis a su rester jeune dans sa tête, et aborde la vie pleins d'ambitions, de rêves simples dans la tête, et distillant à qui veut l'entendre des leçons de courage emprunts d'un esprit cartésien.
« Moi, la politique, j'y crois pas. Je me suis toujours contenté de ne pas voter extrême. Et puis après, je choisi pas en fonction du parti ni du programme, mais en fonction du type et de qu'il dit, si j'aime ou pas ce qu'il raconte. »
« Dans la vie, y a deux types de personnes : ceux qui sont plus forts que toi et les autres. Si tu rencontres un type de la première catégorie, alors tu fermes ta gueule. L'autre jour, dans le RER, un type l'a ouverte parce que des jeunes fumaient dans le wagon. Le jeune lui a collé une droite directe. Alors moi je suis intervenu. Je lui ai dit au type qui l’avait oouverte, soit t'ouvre ta gueule et tu te défends, soit tu t'écrases. Résultat, tu l'as ouverte et t'as pris un pain, j'espère que tu as compris pour la prochaine fois.»
Et puis dès fois, au milieu d’une conversation, il stoppe son débit de parole… … le regard perdu au loin, sur l’autoroute, il prononce comme une prière « Ah, l’Afrique ! ». Puis, il reste silencieux encore quelques secondes On lui demande alors promptement s’il connaît bien l’Afrique, qui sait, il a peut-être participer à des coups d’Etat, ou fait passer des diamants à travers la frontière Congolaise dissimulé dans des statues de la Vierge Marie… mais l’Afrique garde son mystère, et Francis change de sujet tout net « Je vous ai dit que j’ai suivi des formations de conduite extrême ? »
Les kilomètres défilant, le retour à Paris arriva vite, Francis ne pouvait pas alors caché sa tristesse de nous quitter, lui qui nous avait tant appris en ces kilomètres. Ces yeux semblaient presque rougir. Finalement, Dame Nature a donné un corps trop puissant à une âme d'enfant rêveur…
On se quitta sur un « on se revoit au prochain événement courant Juin ! » plein de promesses. Mais depuis ce moment, on n’a plus eu de nouvelles de Francis. Il paraît qu'il aurait balancé des conneries à des journalistes financiers à propos de la boite, ses fameuses courses poursuites avec le corbeau de la direction ou une filature avec la taupe du comité de direction.
Une morale limpide et claire m’apparaît au souvenir de cette rencontre. On dit souvent que l’habit ne fait pas le moine, que derrière un masque se cache souvent une personnalité complexe aux multiples facettes. Mais dès fois, on se rend compte que ce n’est pas vrai. Et si finalement les stéréotypes ont la vie dure, c’est peut être parce qu’on a souvent l’occasion de les vérifier…
J'ai rencontré Francis à l'occasion d'un salon professionnel il y a plusieurs mois, où mon emploi m’avait conduit à gérer des aspects logistiques. Lui, le colosse, était là pour faire garde du corps et le chauffeur des dirigeants et journalistes présents sur le salon. C'est dans la voiture nous ramenant à Paris, que, accompagné d’un collègue, j’ai la chance de dialoguer avec lui. Voici un résumé des trois heures qui ont suivies.
D'abord, Francis n'est pas seulement garde du corps. C'est un extra. Son vrai métier c’est prof de combat. « Je suis prof de free fighting, un des seuls sur Paris. J'ai une ceinture noire de Karaté, j'ai fait des années de boxe, et je connais la boxe thaï. Le free fighting c'est un mélange de tout ça, mais sans les règles » Une chose est sure : la sécurité des dirigeants est bien assuré !
« Je croyais que c'était interdit ce type de combat ? Il n'existe pas de fédérations de ce genre en France ? » dis-je, mi naïf, mi craintif.
- Bien sur que ça existe ! D'ailleurs, j'ai vécu des années au Etats-Unis, et j'étais professionnel d'ultimate combat. J'ai fait 123 combats, et j'en ai gagné 103 ! Mon surnom c'était « le cobras », statique sur les jambes mais vif avec les bras. Bon, bien sûr, de temps en temps, on se mettait d'accord sur l'issue du match. Un coup c'est toi, un coup c'est moi qui gagne. Comme en politique.
- et les cours se passent comment ?
- il faut aimer travailler dur dans mon cours. Le combat, c'est avant du réflexe, et le réflexe s'acquiert à l'entraînement. Dans mon cours, je reçois tout type de personnes. Tiens, bah l'autre jour, j'avais un espèce de tchèques ou de Yougo. Il voulait pas enlever ses randgers aux pieds. Et ben je l'ai maté ! Je l'ai pris en démonstration, et quelques clés plus tard, il en pouvait plus. Et il reviendra plus j'espère ! J'étais près à lui casser un bras. Et j'aurais pu le faire! D'ailleurs, il ne faudrait que deux doigts pour tuer un homme. Et encore, un seul suffit, le second sert à maintenir. Deux doigts, comme ceux-là » me disait-il en me montrant ces deux énormes doigts.
En plus d'être prof de combat pour des particuliers, il donne aussi des leçons aux brigades spéciales de la gendarmerie. Quand il a encore un peu de temps, il exerce la fonction de détective privé « oui, je suis assermenté. Ça veut dire que si je témoigne au tribunal, ça a plus de valeur que quelqu'un qui ne l'est pas. Et puis ça m'arrive de bosser sur des cocus, mais souvent c'est pour les entreprises. On suit des clients, on vérifie qu'ils ne rencontrent pas des gens que notre employeur ne préfère pas qu'ils rencontrent, ce genre de chose. »
Quand il ne broie pas les os d'autrui ou ne démantèle pas des réseaux d'espions industriels, Francis se passionne pour les nouvelles technologies. « J'adore l'informatique. D'ailleurs, avec mes gars (ses élèves) on s'échange des DivX pornographique. Et puis des fois, c'est pas exprès, on croit avoir un Stalonne ou un Jackie Chan, mais c'est un porno. Alors bon, on le regarde jusqu'au bout quand même. » Par-dessus tout, Francis a su rester jeune dans sa tête, et aborde la vie pleins d'ambitions, de rêves simples dans la tête, et distillant à qui veut l'entendre des leçons de courage emprunts d'un esprit cartésien.
« Moi, la politique, j'y crois pas. Je me suis toujours contenté de ne pas voter extrême. Et puis après, je choisi pas en fonction du parti ni du programme, mais en fonction du type et de qu'il dit, si j'aime ou pas ce qu'il raconte. »
« Dans la vie, y a deux types de personnes : ceux qui sont plus forts que toi et les autres. Si tu rencontres un type de la première catégorie, alors tu fermes ta gueule. L'autre jour, dans le RER, un type l'a ouverte parce que des jeunes fumaient dans le wagon. Le jeune lui a collé une droite directe. Alors moi je suis intervenu. Je lui ai dit au type qui l’avait oouverte, soit t'ouvre ta gueule et tu te défends, soit tu t'écrases. Résultat, tu l'as ouverte et t'as pris un pain, j'espère que tu as compris pour la prochaine fois.»
Et puis dès fois, au milieu d’une conversation, il stoppe son débit de parole… … le regard perdu au loin, sur l’autoroute, il prononce comme une prière « Ah, l’Afrique ! ». Puis, il reste silencieux encore quelques secondes On lui demande alors promptement s’il connaît bien l’Afrique, qui sait, il a peut-être participer à des coups d’Etat, ou fait passer des diamants à travers la frontière Congolaise dissimulé dans des statues de la Vierge Marie… mais l’Afrique garde son mystère, et Francis change de sujet tout net « Je vous ai dit que j’ai suivi des formations de conduite extrême ? »
Les kilomètres défilant, le retour à Paris arriva vite, Francis ne pouvait pas alors caché sa tristesse de nous quitter, lui qui nous avait tant appris en ces kilomètres. Ces yeux semblaient presque rougir. Finalement, Dame Nature a donné un corps trop puissant à une âme d'enfant rêveur…
On se quitta sur un « on se revoit au prochain événement courant Juin ! » plein de promesses. Mais depuis ce moment, on n’a plus eu de nouvelles de Francis. Il paraît qu'il aurait balancé des conneries à des journalistes financiers à propos de la boite, ses fameuses courses poursuites avec le corbeau de la direction ou une filature avec la taupe du comité de direction.
Une morale limpide et claire m’apparaît au souvenir de cette rencontre. On dit souvent que l’habit ne fait pas le moine, que derrière un masque se cache souvent une personnalité complexe aux multiples facettes. Mais dès fois, on se rend compte que ce n’est pas vrai. Et si finalement les stéréotypes ont la vie dure, c’est peut être parce qu’on a souvent l’occasion de les vérifier…
08 septembre 2006
Denis-fait-rien
Il existe en ce bas monde des personnages au destin douloureux. Ils sont payés à ne rien faire, pire, payer à attendre qu'il ne se passe rien. Ce sont les vigiles des supermarchés, les gardiens de parking, ou les types qui ne vendent pas de tickets à la station désertée de Danube (mini-ligne, station en sens unique…)
Il y a aussi tous les policiers et gendarmes qui attendent devant les ministères et ambassades du 8ème arrondissement. C'est amusant de voir comment un policier seul est triste : il prends un air mauvais un peu vachard, alors que quand ils sont par groupe de 3 ou 4 ils s'amusent beaucoup, à parler bruyamment de motos, à rigoler fort, ou à déshabiller du regard les secrétaires qui sortent des ministères à 16h30.
Pourtant à ce petit jeu, j'ai repéré un type qui attend, mais qui ne surveille rien. Il est devant la grande poste de Miromesnil. Il est là, tout droit sur ses jambes, la bedaine arrogante, à attendre. Au début, je pensais qu'il faisait une quête, ou un truc de ce genre,mais non. Il est là entre 17h et 19h, il n'a même pas de petite cabane chauffée, comme les policiers précieux des monuments publics. J'ai décidé de l'appeler Denis, parce qu'il ressemble vaguement à DenisKessler, le gros type du MEDEF, et que, comme lui, il ne sert à pas grand-chose (et hop, une pique politique pour tous les lecteurs de MEDEF Magazine dans la ligne 1). Et puis, j'adore Denis Brogniart, le présentateur de TF1, et sa façon de parler com-me ce-la en ha-chantles phra-se et en ajou-tant des liai-sons dé-biles dans ses com-men-taires…
Je me demande bien à quoi sert Denis. Peut-être qu'il surveille si tout ce passe bien dans la rue « c'est bon les gars, tout le monde roule à droite », mais il n'a pas de petite boite où parler (je préfère la périphrase à l'emploi du mot takie-walkie tellement ringard). Ou alors il fait le guet pour tous les facteurs qui jouent au football avec nos colis derrière le bâtiment au lieu de ranger consciencieusement, dès fois que le patron passerait faire une inspection. Une fois plus, des dizaines de destinataires recevront leurs vaisselles brisées ou leurs caméscopes en petits morceaux. Des anniversaires d'enfants innocents seront gâchés, des fêtes de Noël seront ratées et les enfants pleureront et seront turbulents dans le TGV. Au lieu de jouer en silence dans leurs sièges avec leurs jouets tout neuf, ils courront dans les couloirs, feront du bruit, et dérangeront les passagers calmes comme moi. Résultat, ça me donnera encore moins envie d'avoir des enfants, et plus personne ne pourra payer nos retraites. Alors s'il te plait Denis, réveille toi et pense à la France.
Il y a aussi tous les policiers et gendarmes qui attendent devant les ministères et ambassades du 8ème arrondissement. C'est amusant de voir comment un policier seul est triste : il prends un air mauvais un peu vachard, alors que quand ils sont par groupe de 3 ou 4 ils s'amusent beaucoup, à parler bruyamment de motos, à rigoler fort, ou à déshabiller du regard les secrétaires qui sortent des ministères à 16h30.
Pourtant à ce petit jeu, j'ai repéré un type qui attend, mais qui ne surveille rien. Il est devant la grande poste de Miromesnil. Il est là, tout droit sur ses jambes, la bedaine arrogante, à attendre. Au début, je pensais qu'il faisait une quête, ou un truc de ce genre,mais non. Il est là entre 17h et 19h, il n'a même pas de petite cabane chauffée, comme les policiers précieux des monuments publics. J'ai décidé de l'appeler Denis, parce qu'il ressemble vaguement à DenisKessler, le gros type du MEDEF, et que, comme lui, il ne sert à pas grand-chose (et hop, une pique politique pour tous les lecteurs de MEDEF Magazine dans la ligne 1). Et puis, j'adore Denis Brogniart, le présentateur de TF1, et sa façon de parler com-me ce-la en ha-chantles phra-se et en ajou-tant des liai-sons dé-biles dans ses com-men-taires…
Je me demande bien à quoi sert Denis. Peut-être qu'il surveille si tout ce passe bien dans la rue « c'est bon les gars, tout le monde roule à droite », mais il n'a pas de petite boite où parler (je préfère la périphrase à l'emploi du mot takie-walkie tellement ringard). Ou alors il fait le guet pour tous les facteurs qui jouent au football avec nos colis derrière le bâtiment au lieu de ranger consciencieusement, dès fois que le patron passerait faire une inspection. Une fois plus, des dizaines de destinataires recevront leurs vaisselles brisées ou leurs caméscopes en petits morceaux. Des anniversaires d'enfants innocents seront gâchés, des fêtes de Noël seront ratées et les enfants pleureront et seront turbulents dans le TGV. Au lieu de jouer en silence dans leurs sièges avec leurs jouets tout neuf, ils courront dans les couloirs, feront du bruit, et dérangeront les passagers calmes comme moi. Résultat, ça me donnera encore moins envie d'avoir des enfants, et plus personne ne pourra payer nos retraites. Alors s'il te plait Denis, réveille toi et pense à la France.
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