07 septembre 2009

Ma troisième réunion de copropriétaire, ou comment je suis devenu un pilier du conseil syndical


Un après midi brulant de juin embrase Asnières quand sonne l’heure de ma troisième réunion de copropriétaire. Déjà, Mlle James, 70 ans dont une grande partie à loger dans le petit appartement du troisième, a gagné la côte et les fraicheurs de la maison de repos. Elle est la grande absente de la soirée. Ses diatribes contre la famille Cissé, qui ne paie plus ses charges et attire la foudre de tous les copropriétaires, vont nous manquer.

Monsieur Gomez est l’autre absent. Lui, c’est le monsieur technique de l’immeuble. Il surveille les artisans, négocie les petits devis, et s’arrange pour faire travailler des copains à pas cher. C’est un ancien du BTP, il s’y connaît, et fait part très largement de son avis durant les réunions, à grands renforts de longues phrases pas toujours très claires. Il parle un français approximatif, où l’on comprend surtout qu’il en veut au gérant du syndic, qui doit déployer des trésors de courtoisie de ne pas le fâcher à chaque point de l’ordre du jour. Dans sa manche, Monsieur Gomez cache tous les ans une longue liste de griefs contre différents petits travaux, comme la peinture de l’ascenseur en 2002, la peinture de l’escalier en 2004 ou encore le changement de porte en 2005.

Avec l’absence de ces deux rois de la contestation parmi la copropriété, la réunion file à toute allure, quand le gérant du syndic fait appel à des volontaires pour le conseil syndical. « Voyons, n’y a-t-il personne ? »

Bah, ça ne doit pas être bien difficile me dis-je. Valider deux ou trois devis dans l’année, surveiller les comptes de la copro à la fin de l’année… A peine le temps de bien peser ma décision que je m’entends dire « S’il faut quelqu’un, je veux bien être volontaire cette année »

« Pas d’autres volontaires que Monsieur type ? Et bien continuons » Et ainsi, me voici seul membre du conseil syndical, avec Mlle James et Monsieur Gomez, qui, bien qu’absents, ont souhaité rester au conseil. La belle affaire !

La réunion reprend son cours et les points à l’ordre du jour s’enchainent comme les relances pour payer les appels de charge. On approche de la fin de la réunion, quand déboulent Monsieur et Madame Dubois.

« Bonjour, Madame Yvette Dubois. Je suis très en retard, j’ai fait 525 km pour venir !», clame Madame Dubois après une entrée tonitruante. « Jean Ursule Dubois, propriétaire du 3ème gauche, venu pour rencontrer ces copropriétaires pas solidaires ! » lâche son grand manteau de mari.

Jean Ursule, cinquantenaire droit comme i à la cravate fleurie, la veine bien évidente sur le front « On a eu 4 dégâts des eaux, 4 ! Et personne ne dit rien, personne ne nous a prévenu, n’est ce pas monsieur les propriétaires ! »

« Qui est le président du syndic ? » lâcha la femme, telle une harpie mythologique. Alors tous les regards se portèrent vers moi. S’ensuit un véritable petit sketch de Guignols, avec cris, prises à parti scandalisée, gloussements « mais monsieur, je ne vous permets pas », ou rire moqueur « ha ha, mais vous pouvez avoir honte tous autant que vous êtes ». Je décide alors de m’enfoncer pour de bon dans mon fauteuil, en attendant que ça passe. Après tout, Monsieur Gomez et Mlle James sont absents, ça aurait pu être pire.

2 commentaires:

nanoudav a dit…

Il faut absolument que tu m'en reparles de cette réunion

Flam

nanoudav a dit…
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