29 septembre 2008

Le plus long trottoir roulant du monde

Je me suis rendu à un salon professionnel ce matin. Le salon avait lieu au parc des expositions de la porte de Versailles, au sud ouest de Paris et portait sur un vague rendez-vous des professionnels de l’équipement des surfaces de ventes.

Quel gâchis de foncier mes amis ! Avec la crise immobilière à Paris, il est choquant de trouver tant de mètres carrés consacrés à la moquette verte des salons professionnels. Pour se rendre au hall 6,7 du salon auquel j’étais invité, j’ai été amené à emprunter le plus long trottoir roulant du monde. Des mètres et des mètres de tapis roulant. Ce serait un rêve si je pouvais les emprunter à l’envers (avec un sceau d’eau et une vachette aux trousses, comme dans Intervilles).

Seulement avant de remonter le trottoir roulant en contresens, il faut au moins avancer. Or, il y a en ce bas monde, une catégorie de personnes qui préfèrent s’agglutiner dans les allées et bloquer les gentils hommes pressés. Ils mériteraient qu’on libère une vachette.

Et sur le salon ? Ben il y avait un tas de gens un peu perdus, plus ou mois professionnels. Des costumes trop grand et tout gris avec des cravates autour des cous. Des hôtesses distribuant des tracts pour des stands avec des caisses automatiques du futur, des caddies très légers du futur, des caddies avec un écran intégré du futur et d’écrans pour la PLV dynamique du futur qui vends plus cher des produits moins biens.

Plus soporifique qu’un quid de 1987. Vite un café pour se réveiller. Hélas, mes appels à une bonne dose de caféine sont restés sans réponse. Mes collègues, très intéressés par les démonstrations, ont ignoré tous mes appels à une pause gourmande, au détour d’un stand ou d’un snack.

Le café du futur, c’est quand on reçoit une dose de caféine rien qu’en pensant à Jacques Vabre.

10 septembre 2008

Rupture de trains

Vendredi soir, dix neuf heures. Une caténaire est tombée ; les trains de la voie 1 à 6 ne sont plus alimentés en électricité. J’arrive à la gare quand Montparnasse est sur le point d’exploser : des voyageurs attendent les trains, qui sont tous en retard d’au moins 3 heures.

 

On se presse dans la grande salle des pas perdus. On se bouscule dans les points presse, on piaffe d’impatiente devant le quick. Les escaliers sont envahis par des passagers attendant l’annonce du prochain train au départ, les commerçants se frottent les mains en vue du bon chiffre que cela annonce.

 

Plus loin, la gare Pasteur est plus calme. Les casquettes bleues butinent de groupe en groupe : on ne connaît pas l’heure à laquelle le prochain train pourra partir. Vous pouvez changer vos billets au guichet et partir demain. Des enfants chahutent, se battent, les parents se fâchent. Tout le monde regarde la remontrance. Le garçon pas sage sera puni devant toute la gare. Il devra s’en souvenir longtemps.

 

Sillonnant les masses, évitant la foule, je gagne le jardin de l’Atlantique, situé au dessus des quais. Le jardin est désert, le musée Jean Moulin se morfond dans son oubli. Le dispositif météorologique, sculpture inconnue et mystérieuse, trônant au centre du jardin, compte ses rares visiteurs égarés. 

09 septembre 2008

Passez piétons !

Je traverse la rue, pressé. Le feu pour les piétons est vert, comme la rivière Hudson un jour de saint Patrick. Une voiture qui tourne à gauche refuse de me laisser traverser. Elle force le passage, alors je donne une petite tape sur le toit de la Focus.

C’est vrai quoi, on est prioritaire, nous les piétons !

La voiture s’arrête. Alors que je continue mon chemin qui arrive à son niveau, une fenêtre s’ouvre. A la place du conducteur, un vieux monsieur, 65 ans, me regarde, les yeux bleu métal, le regard perçant. Il lance :

 « Monsieur le trou du cul ! » 

Je suis sonné. Interloqué. Je bafouille « Mais enfin, voyons, faites attention Monsieur ». Cette réplique manque de souffle. Trop tard, la voiture est déjà partie. J’aimerai courir après, pour donner un coup de pied sur ses pneus. La Focus est déjà loin, laissant derrière elle un amer gout de colère ravalée. 


01 septembre 2008

La gaufre venue des fours de l’enfer

Château Gaillard. Un lieu massif chargé d’histoire, dominant la Seine du haut d’une falaise calcaire.

Forteresse médiévale en ruine située au dessus de la ville des Andelys en Haute-Normandie. De là haut, on peut surprendre la Seine s’écoulant à travers le bassin parisien et dévoilant des paysages d’une beauté sans pareille.

Ce panorama, nous l’avons découvert à l’occasion d’une halte dans la région. Au pied du château, un camion de gaufre et de glaces a suscité notre intérêt. Un camion à gaufre ! Quel vieux cliché… et pourtant le « moi » de notre inconscient a hurlé « du sucre ! du sucre ! du sucre ! » dans nos têtes, nos ventres gloutons se trémoussant de plaisir devant la camionnette.

« Deux gaufres chantilly s’il vous plait » ais-je lancé, heureux, fier, et plein d’appétit.

Puis j’ai compris mon erreur. Derrière son magazine, un jeune homme boutonneux me lance un regard bovin. « Des gaufres ? ». Il se gratte le nez, remet sa calotte sur la tête, puis disparaît sous le meuble, avant de resurgir, les bras écartés, une bombe de chantilly dans une main et un air profondément ahuri à travers le visage.

« Oh la la, je vous goûter la chantilly, elle est ouverte depuis siiiii longtemps »

Il goûte.

Des secondes passent. Les rayons du soleil d’août perce les nuages attardés sur les hauteurs de cette colline chargée d’histoire où tant de chevaliers se sont affrontés pour une princesse, ou pour des terres. Un vent se lève et frappe nos visages plongés dans la torpeur de l’attente.

« Beuk, c’est pas bon.. ». Il crache bruyamment dans un petit lavabo. Il lèche l’embout de la bombe chantilly et siffle à travers.

« Finalement, on va prendre des gaufres au sucre ! »

Le temps de sortir 2 gaufres d’un sachet plastique, de les saupoudrer puis de nous délester de quelques euros, nous avions repris la route, contemplant les fortifications moyenâgeuses en mangeant des gaufres de supermarché.