29 décembre 2006

Meauche

J’ai vécu deux années dans la ville de Meaux. C’était une expérience assez curieuse.
Meaux, c’est d’abord une bourgade très ancienne, qui a connu sous la féodalité son Seigneur local ou son duc, lequel a développé la ville en y bâtissant cathédrale, remparts et autres vieilles rues, que la guerre allait prendre un malin plaisir à détruire. La moutarde et le brie ont pour leur part réussi à faire décoller le commerce de la ville pour qu’elle atteigne des dimensions très respectables dans tout le comté, l’égale de Provins, Coulomiers, voire Fontainebleau.

Seulement voilà, la ville était trop loin ou trop proche de Paris…Trop loin pour devenir une vénérable et imposante ville de banlieue. Trop proche pour rester une bonne bourgade de banlieue paisible avec une identité autonome. Alors que plus au sud, des villages flairaient l’opportunité de construire un nouvel espace urbain et se constituaient en communauté de communes (Marne la vallée), Meaux se laissait dévorer par la croissance galopante de l’ile de France.

Des immeubles et des tours se sont construits à Meaux. Tant qu’à faire, on a bâti pas cher, haut, et moche. Et puis Paris s’est rapproché jusqu’à 26 minutes en transilien.
Depuis, Meaux est une ville scindée en double: ceux qui y vivent et ceux qui y dorment. Des bus directs relient les cités dortoirs géantes à la gare. Cet axe est devenu le point de gravité de la ville. Les personnes habitant et travaillant dans la ville ne sont que des figurants, qui manquent de se faire rouler dessus par un bus bondés et pressés à destination de la capitale.

Le cœur historique et la rue principale n’accueillent que quelques boutiques, un Jules et peut être un Jenifer. Les autres locaux commerciaux sont occupés par des PME, qui commercialisent l’eau en fontaine, par exemple. C’est dire de l’attractivité de la zone.

Parfois, le temps d’un week end, on croise les deux populations aux mêmes endroits, dans les bouchons de l’autoroute, au Champion ou encore dans la file d’attente du cinéma. On se scrute, se jauge, mais on ne se connaît pas.

11 décembre 2006

Hasard heureux ?

On a eu de la chance : nos brillants ingénieurs ont mis au point tout un tas d’inventions en même temps : l’invention de l’électricité et de l’ampoule, ou l’invention de l’écriture et du langage ou encore le micro-onde et les plats préparés.

Ces dernières décennies ont quand même été moins brillantes. Combien d’années entre la mise au point du téléviseur et de la télécommande ? Combien de temps entre les premiers ordinateurs et la généralisation d’Internet ? Entre les premiers magasins et l’invention du code barre ? Inadmissible, messieurs en blouse blanche et autre crâne dégarni.

Heureusement, j’ai un exemple qui va vous remonter le moral : la mise au point concomitante des téléphones mobiles et du digicode.

Imaginez un monde sans l’un ou l’autre, on entendrait à chaque coin de rue « Ohé ! J’suis en bas, c’est quoi ton code ! » Alors, cette nuisance serait quand même bien moins forte que celle de faire un effort pour se lever et changer la chaîne du poste. Non, il n’y a vraiment pas de quoi se plaindre.

05 décembre 2006

Taxi !

A Paris, surtout quand on n’a pas de véhicule personnel, on emprunte souvent un taxi. C’est tout de même commode, passé 1 heure du matin et que la RATP a chassé les derniers voyageurs de métro à grands coups de stations fermées et de métro en pas circulation.

Le chauffeur de taxi est très habituel dans la vie parisienne, tout le monde a un souvenir particulier sur un chauffeur, un original qui croit aux extras-terrestres, un qui regrette le bon vieux temps sous Pompidou, ou un escroc qui a franchi 5 ou 6 fois la Seine ou un ingrat qui ne vous prend pas pour 200 mètres.

Mon souvenir, c’est un vieux monsieur dandy en costume sombre. Un soir, il nous avait ramené à travers les rues endormies de la capitale, en diffusant France Musique et citant des bons mots sur les vieux quartiers de Paris. Yves Montant habitait par là, tel resto était un repère de pègre montmartroise… Il portait fort bien le nœud papillon, souriait aux blagues et utilisait des mots de plus de 3 syllabes. Il nous a emmené à destination sans critiquer la politique de Bertrand Delanoë et sans garder discrètement la monnaie pour lui. Je me suis mis à imaginer que ce monsieur devait avoir commencé sa carrière dans une Citroën DS, il devait être le chauffeur personnel de De Gaulle, c’est qui lui conduisait l’auto qui a échappé à l’attentat du petit Clamart. Ah, De gaulle ! Après, il s’est mis à son compte et il a du connaître les dernières 2 CV, il passait les vitesses au volant et fumait des vieilles gitanes maïs, qui avaient le don d’empester immédiatement n’importe qui, alors que le frébrèze n’existait pas. Non, décidément, la nostalgie n'est plus ce qu'elle était...