29 décembre 2006

Meauche

J’ai vécu deux années dans la ville de Meaux. C’était une expérience assez curieuse.
Meaux, c’est d’abord une bourgade très ancienne, qui a connu sous la féodalité son Seigneur local ou son duc, lequel a développé la ville en y bâtissant cathédrale, remparts et autres vieilles rues, que la guerre allait prendre un malin plaisir à détruire. La moutarde et le brie ont pour leur part réussi à faire décoller le commerce de la ville pour qu’elle atteigne des dimensions très respectables dans tout le comté, l’égale de Provins, Coulomiers, voire Fontainebleau.

Seulement voilà, la ville était trop loin ou trop proche de Paris…Trop loin pour devenir une vénérable et imposante ville de banlieue. Trop proche pour rester une bonne bourgade de banlieue paisible avec une identité autonome. Alors que plus au sud, des villages flairaient l’opportunité de construire un nouvel espace urbain et se constituaient en communauté de communes (Marne la vallée), Meaux se laissait dévorer par la croissance galopante de l’ile de France.

Des immeubles et des tours se sont construits à Meaux. Tant qu’à faire, on a bâti pas cher, haut, et moche. Et puis Paris s’est rapproché jusqu’à 26 minutes en transilien.
Depuis, Meaux est une ville scindée en double: ceux qui y vivent et ceux qui y dorment. Des bus directs relient les cités dortoirs géantes à la gare. Cet axe est devenu le point de gravité de la ville. Les personnes habitant et travaillant dans la ville ne sont que des figurants, qui manquent de se faire rouler dessus par un bus bondés et pressés à destination de la capitale.

Le cœur historique et la rue principale n’accueillent que quelques boutiques, un Jules et peut être un Jenifer. Les autres locaux commerciaux sont occupés par des PME, qui commercialisent l’eau en fontaine, par exemple. C’est dire de l’attractivité de la zone.

Parfois, le temps d’un week end, on croise les deux populations aux mêmes endroits, dans les bouchons de l’autoroute, au Champion ou encore dans la file d’attente du cinéma. On se scrute, se jauge, mais on ne se connaît pas.

11 décembre 2006

Hasard heureux ?

On a eu de la chance : nos brillants ingénieurs ont mis au point tout un tas d’inventions en même temps : l’invention de l’électricité et de l’ampoule, ou l’invention de l’écriture et du langage ou encore le micro-onde et les plats préparés.

Ces dernières décennies ont quand même été moins brillantes. Combien d’années entre la mise au point du téléviseur et de la télécommande ? Combien de temps entre les premiers ordinateurs et la généralisation d’Internet ? Entre les premiers magasins et l’invention du code barre ? Inadmissible, messieurs en blouse blanche et autre crâne dégarni.

Heureusement, j’ai un exemple qui va vous remonter le moral : la mise au point concomitante des téléphones mobiles et du digicode.

Imaginez un monde sans l’un ou l’autre, on entendrait à chaque coin de rue « Ohé ! J’suis en bas, c’est quoi ton code ! » Alors, cette nuisance serait quand même bien moins forte que celle de faire un effort pour se lever et changer la chaîne du poste. Non, il n’y a vraiment pas de quoi se plaindre.

05 décembre 2006

Taxi !

A Paris, surtout quand on n’a pas de véhicule personnel, on emprunte souvent un taxi. C’est tout de même commode, passé 1 heure du matin et que la RATP a chassé les derniers voyageurs de métro à grands coups de stations fermées et de métro en pas circulation.

Le chauffeur de taxi est très habituel dans la vie parisienne, tout le monde a un souvenir particulier sur un chauffeur, un original qui croit aux extras-terrestres, un qui regrette le bon vieux temps sous Pompidou, ou un escroc qui a franchi 5 ou 6 fois la Seine ou un ingrat qui ne vous prend pas pour 200 mètres.

Mon souvenir, c’est un vieux monsieur dandy en costume sombre. Un soir, il nous avait ramené à travers les rues endormies de la capitale, en diffusant France Musique et citant des bons mots sur les vieux quartiers de Paris. Yves Montant habitait par là, tel resto était un repère de pègre montmartroise… Il portait fort bien le nœud papillon, souriait aux blagues et utilisait des mots de plus de 3 syllabes. Il nous a emmené à destination sans critiquer la politique de Bertrand Delanoë et sans garder discrètement la monnaie pour lui. Je me suis mis à imaginer que ce monsieur devait avoir commencé sa carrière dans une Citroën DS, il devait être le chauffeur personnel de De Gaulle, c’est qui lui conduisait l’auto qui a échappé à l’attentat du petit Clamart. Ah, De gaulle ! Après, il s’est mis à son compte et il a du connaître les dernières 2 CV, il passait les vitesses au volant et fumait des vieilles gitanes maïs, qui avaient le don d’empester immédiatement n’importe qui, alors que le frébrèze n’existait pas. Non, décidément, la nostalgie n'est plus ce qu'elle était...

26 novembre 2006

Ma première soirée charité au Rotary Club


Dans la vie, il y a des premières fois plus souvent que des deuxièmes : c’est mathématique. La première fois que je vais vous présenter a eu lieu il y a quelques jours : ma première soirée de charité du Rotary Club.

Mais que faisais-je au Rotary, moi, petit-fils spirituel de Jaurès, lecteur assidu des Inrocks et sociétaire Maif ? Ce serait à la fois long et ennuyeux à expliquer, comme quand on est au cinéma accompagné de quelqu’un qui veut à tout prix attendre la fin du générique, alors que vous attendez de vous dégourdir les jambes et voir si la nuit est tombée pendant la séance.

Le but de la soirée était d’assister à un concert de Jazz. Après le mot d’accueil de rigueur, ponctué des hommages aux derniers disparus, on a ainsi vu déambuler une bande de vieux gaillards qui ressemblait au conseil d’administration de mon entreprise : 6 cinquantenaires, costumes beiges à carreaux, cravate rouge et pantalon dépareillé, qui jouaient du jazz des années 50 et m’ont rappelé mes belles années en Noir & Blanc sur le fleuve Mississipi, quand je chiquais du tabac à la recherche d’un bon filon d’or.

A la pause du concert (oui, les jazzmen font des pauses, comme un match de football), la grande famille rotarienne se retrouvait dans le hall pour discuter des dernières nouvelles. Heureusement, beaucoup de gens se connaissaient, et personne n’est venu vers moi « Alors, comment se porte ton patrimoine immobilier ? » ou encore « tu connais la dernière histoire du tribunal du commerce ? ». Une grosse dame blonde, très charismatique, butinait de petit groupe en petit groupe, distribuant des cartes de visite mais aussi des bons mots, un peu familiers mais pas vulgaires : « Alors Gérard, on fait le dindon ! », ou encore « très doués ces musiciens pour des retraités ! ».

Parmi ces gens, je retrouvais tous les clichés de la classe sociale des notables :
•un préfet très vieux en costume en train de mourir, ancien colonisateur en Afrique ou dans le Nouveau Monde…
•des jeunes loups aux dents longues d’écoles de commerce, mèche sur le côté, cravate fine, gendre idéal de Christine Boutin
•des blondes plus très fraîches souriant à l’interlocuteur de leur époux, regrettant peut être d’avoir choisi le mauvais cheval
•un médecin, mais sans stéthoscope, donc médecin à l’hôpital ou en clinique

La liste est encore longue, tout comme le fut le concert. Il faut dire qu’un joueur de jazz se repose souvent durant le solo de ses comparses : il pose son instrument, rigole avec un copain… Ah ça, ils ne sont pas aussi dynamiques que la fanfare de l’usine !

19 novembre 2006

Mise à jour

Pas trop de temps ces derniers jours pour me faire l'écho d'une discussion surprise dans le métro ou pour défendre le droit à une soirée anniversaire de la mort de Darry Cowl sur M6, au moins. Alors pour la mise à jour de blog, imaginez dans les lignes qui suivent une rencontre avec un ancien instituteur, type Mme Piochard, la prof de CP, dont vous reviennent en mémoire quelques détails comme son disgracieux visage son odeur désagréable ou la taille démesurément excessives de ses pieds. Ensuite, imaginez vous en train de dialoguer avec elle devant votre boulangerie préférée un dimanche matin (ces matins un peu honteux où on va chercher un croissant avec un jeans enfilé sur le pyjama). Elle passe par là pour voir son petit neveur ou écouter le sermon de son prêtre préféré et vous demande si vous avez enfin appris votre table de 3. Là, à vous de jouer et de créer votre propre discussion : le quartier qui est sympa avec ces petites adresses que même le Nouvels Obs dès fois il en parle, le métro ou le tramway qui n’avance plus et la politique, où il s’en passe des choses ; mais prenez bien garde de ne pas adopter un discours partisan pour ne pas choquer votre interlocutrice sans toutefois sembler trop larguer dans le débat politique pour ne pas que celle-ci profite de la brèche pour défrendre l’extrême droite (oui, on sait combien les gens vieillissent mal dans ce pays). Enfin, n'oubliez pas de glisser un mot sur votre parcours depuis le CP. Bon courage, je releve les copies à la fin de l’exercice.

08 novembre 2006

Le petit chauve

Encore une histoire de métro. Un matin, dans la rame bondée du métro n°13, un petit chauve avait trouvé refuge sous mon nez. C’est drôle le crâne d’un chauve quand on le regarde très près. D’abord, il n’est pas totalement vierge de cheveux, il y en a quelques uns dispersés au hasard sur le crâne. On pourrait les compter. Et puis ils font pas la même longueur, à croire que chacun pousse à son rythme. Ici, un lent, là, un rapide. J’ai fini par en voir un qui faisait 15 cm de long. Comme une queue-de-cheval, mais à un cheveu. Pendant tout le trajet, je n’ai vu que ce cheveu, survivant solitaire d’un désert capillaire, qui se trémoussait selon les vibrations du métro. J’ai eu une sacré envie de lui arracher, ce cheveu, comme tous ces types avec une queue de rat ou une coupe de footballeur des années 80, et qu’on regrette ne pas être Edouard aux mains d’argent, pour couper tout ce qui dépasse ! Ca démange !!

06 novembre 2006

Blackberry a dit...



Ce soir, j’ai pris le métro, comme des milliers (des millions ?) de parisiens. Je me suis retrouvé je ne sais comment dans un fauteuil coincé entre trois collègues, deux hommes la quarantaine triomphante, sourire colgate, mèche arrogante, souliers neufs, accompagnés d’une vieille femme. Ca devait être des ingénieurs, ils ont parlé longtemps ! J’en ai entendu des trucs.

- Michel Granier, il ne lit pas ses mails !
- Non, il a paramétré Lotus Notes pour mettre en rouge que les mails de son chef.
- Ca sert à quoi d’avoir des mails si ce n’est pas pour les lire ? On filtre avec un téléphone, pas avec Lotus !
- …
- Tiens, je suis allé au cinéma ce week end, voir un film
- Ha ?
- Ha ? (la femme)
- Oui, « Ne le dis personne », de Guillaume Canet, avec François Cluzet et un grand type avec des moustaches énormes qui fait toujours des rôles de flic.
- C’est pas Jean Rochefort ?
- Non, lui je le connais.
- Attends, bouge pas, on doit capter ici
Il sort un blackberry
- Pof pof pof…
- … tu peux aller sur Internet, c’est pas bloqué ?
- Tu rigoles ! Tiens, c’est pas François Berléand ?
- Wé, ça doit être ça
- Oui, il joue dans beaucoup de films (la femme) ( ? point d’interrogation entre paranthèse aussi parce qu’on a pas vraiment su si c‘était une question ou une remarque. C’était une phrase …)
RIIIRIRIRIRIIRIR (le métro passe au trocadéro)
- …
- Sinon ma femme accouche le 12 !
- T’es sur ?
- Et comment ! Le 12 y a neuf mois on était en déplacement à Berlin (NDLR : ???)
- Mais t’es sur que c’est neuf mois ? Parce que le nombre de jours dans le mois n’est pas fixe, ça change…
- Oui, c’est vrai (la femme)
- Par contre, ça doit faire un nombre fixe de semaines. Attends, on va compter
Il ressort son Blackberry
- Pof pof pof… je lance Excel… Y a une fonction qui compte le nombre de jours
- Ne comptes pas que les jours ouvrés, hi hi hi (la femme)
- Alors ca fait 257 jours, soit 36,75 semaines.
- C’est pas possible, c’est forcément un nombre entier
- MMmm (le type du blakberry prend son air le plus grave)… Ca colle pas.
- T’es certain des jours ?
- Oui, c’est Excel, d’accord, pour un smartphone, mais quand même, il ne peut pas se planter. T’es sur de ta date ?

Hélas, mille fois hélas, j’étais arrivé à destination et quittais ces trois larons. Je ne serais jamais qui est le père de l’enfant et je ne comprenais pas pourquoi un blackberry n’était pas capable de le dire.

03 novembre 2006

Sacré Virenque !

Il y a quelques années, je faisais un stage dans une entreprise spécialisée en Relations Presse, à grands coups de verres de champagne, de strass et de paillettes…

J'ouvre une parenthèse ( : quelqu'un sait ce qu'est du strass ? Tout le monde en parle, sans savoir ce que c'est vraiment, jusqu'au jour où on sort ce mot dans le mauvais contexte, comme « tiens, tu te prends pour un strass toi ! ». La c'est la honte assurée, et ce sera votre tour pendant des semaines d'aller réserver les salles de réunions auprès de la terrible secrétaire du service, qui te dira au moins dix fois « la clé ! N’oubliez pas de me rendre la clé ! C’est toujours pareil avec les gens de votre age»)

Bref, ce jour là je devais faire tout un tas de trucs épuisants de stagiaire : distribuer les badges, servir du café à mon chef, aller acheter des piles à la superette du coin, regarder de loin seulement les hôtesses d'accueil, me faire engueuler pour rien…

La société qui m'employait organisait une grande conférence de presse pour le lancement de la saison cycliste : on avait convoqué tout le gratin des journalistes sportifs pour faire la présentation de cette nouvelle équipe : l'équipe, vélo mag, VTT mag, ils étaient tous là. Sur le podium, les cyclistes en tenue exhibaient fièrement leurs cuisses, grosses comme deux fois leurs torses, et répondaient avec grande difficulté aux questions des journalistes.

Après cette longue journée, je retrouvais les cyclistes à l'hôtel IBIS de la Porte d'Italie pour un dîner plein de pâtes. C'est fou ce qu'un cycliste mange comme pâtes, y compris quand il n'a rien fait d'autres que de dire à des journalistes que oui, son rêve c'est de gagner une étape du Tour de France mais qu'il ne faut pas oublier les classiques, ou que non, il ne se dope pas et que de toute façon il ne sait même
pas ce que cela veut dire.

Une fois le dîner terminé, tout le monde se dirige le plus naturellement du monde vers le bar. Là-bas, je me mets à discuter avec quelques pousses-pédales. En fait, il n'y a pas qu'aux journalistes que ces paires de cuisses ne savent pas parler. Ils n'ont aucune conversation. Je les sens tendu, j’essaie alors de les détendre en proposant une tournée de bière. Mais mes dopés daignent m'accompagner d'une bonne mousse, pour s'accouder au bar et siffler quelques touristes italiennes passant au loin. Dommage, je me voyais déjà au milieu d'eux réunis en cercle autour de moi, à raconter mille exploits extra ordinaire. Mais non, au lieu de tout ça, ils m'ont répondu : « bon, on va dormir… ». IL devait être dix heures du soir… et voilà presque seul au bar de cet hôtel un peu miteux… Le barman à l’air compréhensif et sert une mousse à boire tout seul (barman, qui, dans mes souvenirs, est habillé d'une veste rouge, frotte quelques verres d'un torchon blanc, est coiffé d'une grosse coupe afro, avec, je ne sais pas pourquoi, un petit singe qui se promène sur ses épaules).

C'est alors que se dirige vers moi ce type. Vous savez, dans les cocktails ou les soirées, ce genre de moment arrive souvent trop vite. Vous êtes seuls et vous croisez le regard de quelqu'un dont vous savez la compagnie pénible, mais c'est trop tard, il est déjà là, à vous dire un truc dont vous déjà discuté avec un voisin, un boulanger ou un chauffeur de taxi : la météo, les hôtels à Paris, ou mieux, le dopage…

« Alors, on découvre le vélo ! ». Mais là, stupeur, ce type, c’est Daniel Mangeas, le speaker officiel du Tour de France. Vous ne connaissez pas sa tête, mais sa voix. Depuis des décennies il écume les villages et communes d'à peine 5000 habitants en quête de notoriété, pour animer les arrivés des courses, par tout temps et toute saison.

Alors il me parle de ses passions, le vélo, puis le cabaret spectacle. Daniel organise des événements. Il utilise sa notoriété (très forte dans le monde agricole) et son réseau (il connaît tout le peloton) pour mettre en place des critériums. Mais voilà, depuis quelques années, Virenque est devenu plus cher que Shirley et Dino, le duo qu’on voit souvent chez Sébastien (la scène décrite a quelques années), alors Daniel dorénavant organise des soirées cabarets dans des villages. Il transforme une grange en restaurant luxueux, invite tout le gratin local (curée, élus, notaires, médecins…) et donne à Shirley et Dino une occasion en or pour renforcer leur notoriété face à un public gonflé au mauvais vin local qui paie chèrement sa place. Alors Virenque…

31 octobre 2006

Monsieur Vévé, par uncle Whale

Uncle Whale, c’est un déconneur. Vous devriez le voir, même lâché au milieu d’un car de vieux grabataires en partance pour Lourdes, il arrive à susciter enthousiasme et tapes sur les cuisses. Pourtant, dès fois, il nous fait rire juste en parlant des gens qu’il a croisés. Comme le voisin de sa grand-mère, un type qu’on n’aimerait pas avoir pour gendre ! Alors cette semaine je laisse la plume à Uncle Whale, et moi, je fais continuer de rien faire, ou mieux, je vais suivre un papillon…

Winston Churchill ne disait jamais : "mon voisin est un gros con", et cela ne m'étonne pas qu'il soit mort aujourd'hui.

Il y a un an et demi de cela, j’effectuais un stage de trois mois en plein milieu d'année scolaire. Mon école étant à Nantes et ce stage en question à Paris pour ne pas payer deux loyers en même temps ma tata Robert (bientôt 90 ans mais toute sa tête) a gentiment accepté de m'héberger chez elle. "Il faut lui offrir le meilleur avenir à ce petit!", avait-elle dit à ma mère, si elle savait que c'est moi qui ai inventé la blague "dans ton cul!"...

Toujours est-il que cette cohabitation se passait très bien dans cet appartement, certes à une heure et demi du dit-stage... Jusqu'à ce que je découvre que ma tante avait un voisin : Monsieur Vévé!

La rencontre avec ce personnage eu lieu trois semaines après le début de mes activités. Je rentre un soir, fourbu d'avoir rien branlé et agacé par ce trajet à la con qui m'obligé à prendre 3 moyens de locomotions différents (métro, rer et auto-tamponneuses). J'entre dans l'appartement à 19h37, ma brave tata Robert arrive vers moi l'air un peu gêné :

"Ah! C'est toi! Viens, j'ai un invité!".

Ma tante me guide de la porte d'entrée jusque dans le salon. Là, je voit un petit homme qui se lève et s'empresse de venir me serrer la main.

Pour vous le décrire sommairement : il ne dépasse pas le 1m65, il a la soixantaine, un gros nez en patate et des lunettes cul de bouteilles. Des cheveux blancs rabattus sur le côté gauche par une matière qui se trouve être soit du gel, soit du gras, en tout cas, c'est visqueux comme l'intérieur d'une jument!

Pour se vêtir, il avait opté ce jour pour un vieux pull moche violet : le genre de sweet-shirt qu'on achetait dans les années 80 où ils y avait écrit des choses comme "championship" ou "breacking down" dans des polices arrogantes pour l'époque (ça faisait américain même si on savait pas ce que ça voulait dire). De toutes façon, impossible de lire quoi que ce soit sur le pull de ce pauvre homme : les 20 ans de fers à repasser et les bouloches avait eu raison de l'aspect révolutionnaire de ce gadget vestimentaire : il n'y avait que ça et là des petites parcelles de blanc qui restait sur un mauve délavé.

Et évidemment, il était également en charentaise... Histoire de me donner un indice sur sa profession de voisin avant même de s'être présenté.

Il serre ma main avec beaucoup trop d'enthousiasme pour ne pas être con et commence à parler avec une voix qui est plaintive et faible.

"Et bien!! Alors... Hein? C'est vous le neveu de Madame Robert?

- Oui, répond-je

Et là totale improvisation de sa part, il se lance :

- Et biiiiien... Et biiiien... Et biiiien, bienvenue dans l'immeuble! Moi, c'est Raymond, mais tout le monde m'appelle Roberto ici! Vous savez, c'est parce que j'ai des origines italiennes!

- Ah? fis-je

- Oui, enfin, de mon père, que je n'ai pas connu!

- Ah... compatis-je


Ma tante intervient :

-Oui, Monsieur Vévé est le voisin du premier! Il m'a aidé à monter les courses tout à l'heure, alors je l'ai invité à prendre l'apéritif!

- C'est vrai! confirma-t-il. J'aide souvent votre tante!

- D'ailleurs, qu'est-ce que je te sers?

- Oh, un coca, s'il te plaît, dis-je en enlevant mon gros blouson de cuir.

Monsieur Vévé me regarda avec plein de complicité.

- Alors? Comme ça vous êtes en stage? Oui, votre tante m'a dit que vous faisiez vos études! Alors? Vous étudiez quoi?

Je m'apprêtais à lui répondre gentiment que je suivais une formation dans l'audiovisuel quand il m'interrompit instantanément :

- Nooooon! Ne me dites rien! Je vais deviner!! Vous êtes... Hummm... (il prit l'air de réfléchir comme un médium)... Vous êtes... Pilote d'avion!!

Là, je cligne deux ou trois fois des yeux par rapport à une telle connerie. Je réfléchie l'espace d'un instant... Tout s'explique : mon blouson de cuir : il n'y a que les pilotes qui en ont dans les films sur TF1 (c'est une règle d'or).


-Ah non! Pas du tout! Je travaille à la télé!

- Ah bon? Ah... Moi je vous aurai vu là-dedans... Enfin! Bon, la télévision, très bien... Et vous aimez danser alors? (Je cligne encore deux fois des yeux) Non, parce que, je vous dit ça... Euh, d'ailleurs, cela vous dérange si on se tutoie, c'est plus sympathique!

- Pas du tout, je répondis, impatient de interrompis le rapport avec la danse. Là, il se lance dans un monologue cinglant de connerie.

- Très bien! Et bien, vo... Euh... Tu vois, moi j'adore danser, alors je vais dans les clubs du troisième âge l'après-midi et je danse avec les personnes âgées. Parce que vous voyez, sinon, les gens, ils n'osent pas danser quand il y a de la musique. Alors que si je les invite, ça détend l'atmosphère! C'est sympathique! Parce que vous savez, une petite danse... Un sourire... Ca ne coûte rien! Et ça rend les gens heureux! Alors, moi je le fais.


Je sourie gentiment, ne sachant trop quoi répondre. Heureusement ma tante intervient.

- Bon, et bien Roberto, nous allons bientôt manger...

Et là il s'excuse exagérément.

- Ohhh! Biiiennn sûr! Excusez-moi! Je vous dit au revoir.

Il nous sert la main et ma tante le raccompagna à la porte.

- Et puis bon appétit!

La porte claque derrière lui.

-Rhaaaa!! Mais quel casse-couilles! aboya directement ma tante.

Elle m'expliqua alors que ce type venait la faire chier depuis deux ans. Il débarquait toujours pour prendre l'apéro chez elle et lui demandait des outils. Il était certes gentil mais encombrant. En fait il avait une stratégie très précise : il la regardait par la fenêtre lorsqu'elle revenait avec des courses et fonçait au rez-de-chaussée pour l'aider. Bon, il n’était pas méchant, mais très con...

Presque instantanément, il sonna à la porte.

- tenez, j'avais acheté des bananes, il m'en reste, je vous les donne, elles sont un peu mûres, mais toujours bonnes!

Puis nous redit au revoir et reparti.

- Tu parles, dit ma tante en mettant des bananes semi noires à la poubelle, en fait, il va sur les marchés le vendredi matin. Il aide les maraîchers à porter les cageaux de fruits et pour le remercier, ils lui donne des fruits gratuits. Et après, il vient me faire croire qu'il les a acheté!! Pfff!!

Voilà, donc ma rencontre avec ce personnage haut en couleur. J'eue, pendant ces trois mois, diverses occasions de le revoir. Des fois quand même il a frappé des grands coup : comme ce jour où en arrivant devant la porte de l'appart il m'avait intercepté en me tendant un kit d'installation AOL :

- Tenez! C'est pour votre minitel, les trucs comme ça! Moi... Je ...Vous... Tu... Je n'en ai pas besoin alors je me suis dit... Voilà!

Et une autre fois, un jour où ma tante était partie en week-end le vendredi matin, il m'attendait sur le palier, tout blanc, le regard grave...

- Jeune Homme... Euh... Je ... Je ne voudrais pas vous inquiétez, mais... Je crois qu'il est arrivé un malheur! Voilà... J'ai sonné toute la journée, personne n'a répondu!

Et là, il commence à pleurer:

- Non parce que, vous savez, votre tante, c'est comme une mère pour moi!

Là, je le calme en lui expliquant qu'elle s'est absentée pour le week-end. Et il m'en remerciant en me serrant la main avec vigueur, puis est reparti gaiement boire du mauvais vin dans son appart.

Depuis la fin de mon stage, j'appelle régulièrement ma tante pour avoir de ces nouvelles, et comme d'habitude, je ne peut m'empêcher de lui demander de me conter les dernières péripéties de Monsieur Vévé .

Aux dernières nouvelles, il y a un mois, il y avait eu le samu chez lui parce qu'il avait glissé d'un tabouret en voulant accrocher un cadre au mur et il s'était mordu la langue...

Des fois, vaut mieux ne pas se poser de questions...

22 octobre 2006

Le cafard star

Pas plus tard qu’il y a quelques jours, je participais à une réunion des plus ennuyeuses.

Alors que l’interlocuteur principal abordait le sujet de la chaîne du froid des pays méditerranéens, j’ai surpris une grosse blatte bien grasse se frayer avec difficulté un chemin sur la moquette épaisse.

Elle avançait sournoisement sous la table à l’abri des regards de tous. Étant le seul à l’avoir vue, j’avais une responsabilité : Devais-je alerter mes camarades de réunion du danger représenté par cet intrus ou devais-je moi-même l’exécuter en silence à grands coups de chaussure de ville toutes neuves? À force de me poser la question, la bestiole avait déjà escaladé un des pieds de la table et se cachait juste dessous.

Le cafard pouvait surgir n’importe où, n’importe quand : dans ces moments là, il ne faut pas céder à la panique.

J’imaginais déjà les cris d’effroi, et me voyais obligé d’intervenir, plein de dégoût, sous la pression de mes collègues féminines.

Après de longues minutes d’un suspense insoutenable, elle réapparut face à l’une d’entre nous qui contre toute attente se contenta de dire benoîtement « Ah, une bête. », puis l’écrasa avec son mouchoir, sans même céder à la panique la plus élémentaire.

Le cours de la réunion n’en fût même pas affecté, et notre interlocuteur enchaîna tout naturellement sur la difficulté de la gestion sociale des conducteurs de poids lourds…

19 octobre 2006

Radio Londres



Voici un mail que j'ai reçu il y a quelques temps.
Je me suis dit, tiens, celui-là, je le garde, comme le type qui a envoyé un mail à toute la boite est disant "bon, je ne connais pas tout le monde, mais bonne année quand même"...

"Destinataires : tous les salariés du Siège

Le serveur national est actuellement en incident.
Cela impacte directement les applications yéyé et yoyo.
Parallèlement 5 régions sont actuellement sur le système informatique
de secours (PACA, IDF, CENTRE, ALSACE et NDPC).

Les systèmes des autres régions, dont le SIEGE, sont potentiellement
susceptibles de tomber.

Une cellule de crise vient d'être constituée.
La direction de l'Etablissement"


J'imagine les administrateurs réseau réunis autour d'une grande table ronde d'une salle secrete du sous sol "les gars, il est temps de gagner Londres".

18 octobre 2006

Le spectre de la demi blague carambar

L’autre jour, j’ai fait une virée au restaurant japonais. Ils sont sympas dans ce restaurant. Bon, d’accord, ils n’ont jamais de dessert et ne vous donne pas volontiers de fourchettes, de peur de passer pour un de ces restaurants à touristes des abords de la place Clichy. Non, s’ils sont aussi généreux à mes yeux, c’est qu’en plus de la traditionnelle serviette chaude au citron, ils donnent quelques carambars à la fin du repas.

Quand j’étais petit, j’en ai fait des caprices pour quelques carambars. J’étais capable de prendre mes parents en otage, avec aussi des doudous et autres animaux imaginaire.

Mais je me souviens surtout de l’angoisse de la demi blague. On est tellement excité d’avoir un carambar, qu’on en déchire l’emballage et la blague imprimée derrière. Evénement tragique quant on a huit ans. Un bon moment rigolo disparu par trop de gourmandise. C'est une belle leçon de la vie dans la tradition de l’éducation judeo-chrétienne.

Papa escargot part acheter de la salade
mois passe... La famille s'inquiète,
la porte :
- Enfin te voila, s'écrie-t-elle, excédée.
presque morts de faim, les enfants et
Et Papa escargot lui répond, très énervé :
- QUOI ! En plus, tu gueules ! S

C'est triste, on la comprends presque la blague, mais elle est mal raconté, alors on ne rit pas. C'est comme une blague de Guy Montagnier raconté par Alain Juppé. Bon, finalement je préfère les malabars.

11 octobre 2006

J'ai un oncle déconcertant. Il lui arrive de dire des choses assez particulières. En voici des extraits.

"La dernière fois que j'ai bu un verre de Coca-Cola, c'était au Stade Marcel Saupin (NDLR : l'ancien stade de Nantes, celui de tous les exploits des canaris). Je me souviens très bien, on était en 1958. Depuis, je n'ai plus bu une seule goutte de Coca-Cola."

"La guerre d'Algérie, je l'ai faite avec ma machine à écrire à la main. J’étais préposé au secréterait. J'ai pas vu de coup de feu, ou de bataille. Une fois, notre camion est tombé en panne. Notre équipage est resté coincé plusieurs heures, sans radio. Et puis on est venu nous chercher. Heureusement, sinon, j’aurais peut etre pas revu ta tante !"

"C'est tout à fait normal de voyager debout dans un train. D'abord, parce que c'est la pratique courante dans tout un tas de pays. Ensuite, parce que tu payes ton billet pour être transporté, pas pour être assis. C'est un confort supplémentaire, et on a rien à dire si on n'en est privé."

"Moi, j’ai une grande télé, avec un énorme écran. Alors quand je regarde un western, le bandit, je le vois dans un coin de l’écran, et je suis peut-être bien le seul."

"La différence entre Coca-cola et Pepsi ? Et bien c’est très simple, coca-cola c’est américain, et Pepsi, c’est russe".



En fait ces anecdotes me font aussi penser aux histoires qu’on vous raconte quand vous êtes petit et que vous croyez vrai très longtemps, parce qu’il n’y a jamais une raison de les remettre en cause.

Par exemple, je pensais que la semoule poussait telle quelle dans les champs, qu’on mourrait instantanément en mangeant un morceau de la coquille dans l’œuf au plat ou que le citron vert était un citron pas mur… jusqu’au jour où on passe pour un débile à la cantine…

08 octobre 2006

Le sifflet de la 13

Ca y est, j’ai croisé le sifflet de la 13. C’est probablement le type le plus euphorique du monde, et en même temps le plus banal que je n’ai jamais vu. En fait, il est tellement banal qu’il essaie de se faire remarquer par sa convivialité et son excès de bonne humeur.

D’abord, il est habillé tout à fait normalement, comme si c’était le type de la publicité Nutella qui avait grandi, ou comme s’il avait acheté tous ces vêtements dans un catalogue de gens timides. Et puis il siffle, tout fort et très mal, à travers toute la rame de métro bondée à 19h30. Il siffle des airs idiots qui lui passe dans la tête…

Il est du genre de type qui tient la porte très longtemps dans le métro et qui dit très fort « MERCI » ou « JE VOUS EN PRIE ». Il sourit aux enfants des poussettes et propose aux mamans de les aider à monter ou descendre un escalier. Il ne demande rien en retour, si ce n’est un simple « Merci jeune homme » ou « si seulement il en avait plus des comme vous », c’est d’ailleurs une référence à tous ces jeunes qui mettent leurs chaussures sur le siège de devant, ça.

Il est ainsi excessivement convivial dans le métro, genre il est prêt à vous parler au moindre regard croisé. Il dispose dans sa panoplie de tout un tas de banalité à faire pâlir d’envie d’importe quel chauffeur de taxi ; qui sont à mes yeux les gens qui disent le plus de banalités au monde, après les politiques (et encore un pic politique sur ce blog, un vrai brûlot). Ces banalités sont « oh, on est serré, mais ce n’est pas une raison pour perdre sa bonne humeur », ou encore « et bien, vivement qu’on passe au projet Ouragan » * voire « il y en a des choses dans votre journal ». Il a toujours un petit peu de monnaie au fond de sa poche pour donner la piécette aux musiciens, mais pas aux mendiants qui font pas de blague. Bref, le genre de type est non seulement est un cauchemar pour les usagers du métro, mais aussi pour la boulangère, à qui il ne lâche pas la grappe avant d’avoir fini de raconter son programme télé de la veille, ou du vendeur de la FNAC que ça n’intéresse pas d’expliquer la différence entre Benjamin Biolay, Thomas Fersen ou Vincent Delerm. De tout façon, lui, ce type, il n’achètera pas de musique, il est juste à la FNAC pour passer du temps et avoir des choses à faire.

En fait, je pense qu’on est tous plus au moins comme ça à un moment dans la vie, on a des poussées de sociabilité, des envies d’être sympa pour des congénères. Mais de là à siffler dans le métro, quand même… Sale type…


* Ouragan est ce fameux projet de la RATP qui devait permettre de diminuer le laps de temps en deux métro sur la 13. Initialement prévu pour 2007 sera opérationnel au mieux en 2009, au pire en 2012. Alors, avec la RATP « on avance, on avance », mais on sait pas vers où

02 octobre 2006

Lieux communs autour du cou

Ca parle chiffon sur ce blog, alors osons évoquer le sort du vetement masculin roi : la cravate.

C’est probablement le vêtement possédant le plus fort taux de conversations provoquées par centimètre carré de tissu, après le string bien sur.

La cravate, c’est pas très pratique, ça trempe dans la sauce à la cantine, ca jure avec votre chemise, ca demande un nœud bien compliqué, ça sert le cou et ca devient ringard selon la volonté irrationnelle des dirigeants des magazines de mode masculine.

En même temps, une cravate, c’est un bon moyen de communication : ne pas en mettre le vendredi, c’est ce montrer audacieux. La mettre autour de la tête, c’est faire preuve d’un grand esprit déconnant, lors du mariage d’un cousin inspecteur des impôts, par exemple. En plus c'est rigolo les cravates, on peut en trouver deux identiques à 5 ou 90 euros. Le jeu consiste donc à ne pas se faire avoir et n'acheter que les moins chères.

J’ai cherché sur le net, autant on trouve quantité de sites ou de techniques pour personnaliser un T-shirt (avec la photo de l’équipe de foot, d’un bébé ou d’un petit animal de compagnie) autant les cravates ne sont pas personnalisables, sauf pour le logo d’une grosse entreprise.

Heureusement, il existe en France tout un tas de magasin rigolo où on trouve des cravates amusants : avec des Bart Simpson, avec des petits chevaux, avec des clowns. Généralement, pour estomper le mauvais goût de ces cravates, on y met tout plein de couleurs chatoyantes voire fluos.

Il paraît que le mot cravate vient des mercenaires croates qu’avait recruté Louis XIV, pour une histoire de guerre ou un truc du genre. Ils portaient un foulard noué autour du coup, et cette mode a remplacé la bonne vieille fraise. C’est dommage, parce qu' une fraise, on aurait tous eu une bonne raison de pas en porter au bureau.

29 septembre 2006

Les aventures de Monsieur Chat : le syndrome du chat bouché

Dans toutes les bonnes séries de notre enfance ou les bons films de série Z, il existe un second rôle drôle et gaffeur : Joey dans friends, Rantanplan dans Lucky Luke ou encore Monsieur Drumond dans Arnold et Willie. Pour ce blog, j'ai décidé que ce rôle serait attribué à Monsieur Chat, mon colocataire félin.

Un soir, alors qu'il n'avait que six mois, Monsieur Chat n'avait pas l'air très bien. Il n'arrivait pas à uriner. Il avait essayé dans sa litière, sans résultat, alors il a essayé de se soulager un peu partout dans l'appartement, histoire de voir si ça marchait pas mieux : sur le parquet, sur le lit, sous les meubles ; rien à faire, ça ne sortait pas. Il avait l'air de souffrir quand même, et pire, il semblait devenir insensible à ses stimuli habituels ; pas de réaction au bruit magique des croquettes dans le bol, pas volontaire pour engloutir un petit sachet de viandes pour matoux, même pas intéressé par un yaourt ou une saucisse pleine de bonne graisse de cochon. Ç'aurait été la soirée idéale pour commander des sushi à la maison et les déguster en paix, pour une fois, sans un chat qui tente par tous les moyens, au delà même du respect des accords de Genève, de venir avaler le petit morceau thon sur la boule de riz.

Le lendemain, on est allé déposer ce chat chez le vétérinaire, qui a diagnostiqué un syndrome du chat bouché. Il nous l'a rendu tout flappi et vidé, avec tout un tas de médicaments pour chats très très chers, et une radio du chat montrait précisément l’emplacement des caillots. Le véto, très fier, nous disait qu’il avait utilisé une vieille technique de l’école vétérinaire : il a appuyé très fort sur la vessie du chat pour tout faire sortir. Beau métier. Après nous avoir reproché d’avoir acheté ces saloperies de croquettes de commerce, il nous recommandait de garder un œil sur Monsieur Chat si si d'aventure le mal le reprenait.

Le soir même, ou plutôt la nuit suivante, alors que je rêvais que mon appartement s'était transformé en glace Hagens Das géante, Monsieur Chat s'est mis à témoigner de fortes douleurs dans la vessie.

Dans la panique provoquée par ces hurlements et la réaction éventuelle des voisins, nous avons contacté SOS Véto, qui intervient pour les urgences vétérinaires à domicile.
- Allooo, SOS véto bonjour !!
- Oui, on a un chat qui est bouché !
- Ca à l'air grave ?
- Je sais pas, il a l'air de se plaindre en tout cas
- Passez le moi, et appuyer sur sa vessie
- c’est où ?
-… devinez…
- MIAUOUOUOUOUOUWOUWOU
- Ha, vous avez trouvé ! Ressayez pour voir
- MIAUOUOUOUOUOUWOUWOU…GRRR
- On vous envoie quelqu'un tout de suite!

Sur la base des hurlements du chat, le Docteur Boulet (véridique !!) est venu nous rendre une petite visite à deux heures matin. J’ouvre une parenthèse, mais sur le coup, il a d’abord fallu résoudre le dilemme de notre tenue vestimentaire, ma demoiselle et moi. Et oui, à cette heure, on est censé dormir, mais on ne va pas recevoir un toubib en pyjama, c’est-à-dire en vieux caleçon et t-shirt publicitaire. S’habiller ? C’est ridicule, il est tard, et on est sensé dormir. Mettre un peignoir ? Non, on ne tourne pas un porno. Seule solution : mettre ce vieux pantalon de jogging qui attends au fond du placard que je le sorte pour son premier footing depuis 3 ans !

Le Docteur, l’air sérieux, équipé d’une grosse mallette, plaça le chat sur notre table de cuisine. D’une main, il le tenait fermement par la peau du cou, de l’autre, il palpait différentes parties du chat, provoquant des miaulements plus ou moins aigus. On aurait dit un orgue, qui joue du chat méchant et trop fort. « Vous inquiétez pas pour le bruit, les sons graves ne passent au travers des murs et n’iront pas réveillé le voisinage » nous a dit le véto… la torture a de belle heure devant elle encore.

Quand il a relâché Monsieur Chat, celui-ci s’est réfugié dans sa cachette préférée : la zone sous le canapé inaccessible par mes bras, pendant que le docteur nous disait : « Ben il va pas si mal votre chat, c’est juste qu’il est bon comédien ! Ca ira mieux demain, et surtout éviter de lui donner ces saloperies de croquettes du commerce, ca bouche tout ! Je raconte pas l’état de certains chats bouchés, moins pleurnichard que le votre ! Allez, on m’appelle pour un accouchement d’éléphant, bonne nuit ! »

Sur ces paroles, il nous délesta de plusieurs dizaine d’euros et s’éloigna dans la pénombre de la nuit nous laissant seuls dans le désarroi, au milieu des miaulements rauques de ce chat tapageur.

26 septembre 2006

Comment ne pas devenir un super héros en quelques détours narratifs

Souvenez-vous du mois de juillet dernier, la canicule s'était imposée comme le sujet tendance de nos conversations à la place du coup de boule de Zidane. Nous lui avons tous consacré quelques bols de salives.

Je me souviens d'abord de cette femme étrange dans le métro qui apostrophait les autres voyageurs « il fait chaud ! on parle à la télé des animaux qui souffrent à la ferme, mais nous aussi, on en peut plus ! ». Je pense qu'elle essayait d'exprimer sa colère contre le JT de Jean Pierre Pernaud, mais il n'était pas dans la rame à ce moment là.

Au bureau, la clim était en panne. Au début, on a hésité à appeler un réparateur, la dernière fois on était tombé sur le technicien le plus désagréable de la planète (peut être le mari de la femme du métro), qui nous avait vertement tancé « mais si la clim elle fonctionne ! Il faut peut être plus de confort pour ces demoiselles ! Vous voulez des cocotiers et un groom qui agite une plume ?? ». On n'a pas compris.

Quelques degrés plus tard, on a fini par appeler un réparateur et on a accueillie Steve, un p'tit technicien de 20 piges. Il était rigolo, je lui ai montré tous les placards bizarres du bâtiment, celui avec l'accès à la terrasse, celui avec les gros tuyaux qui fond du bruit. Quand il est parti, il m'avait expliqué que c'était en raison d'un problème de puissance de l'alimentation électrique, mais il ne pouvait pas la réparer.

C'est là qu'on a reçu des mails collectifs de la directrice adjointe à destination du responsable des services généraux (le type qui s'occupe de l'immobilier et des emmerdes qui vont avec, et non pas un type qui fait tout ce qu'on pourrait lui demander de faire en général).

Après quelques phrases amusantes du style « on va tous fondre », ou «on dégouline déjà », la dite directrice adjointe s'en prenait à mon petit Steve « Peut être qu'un technicien mieux expérimenté serait en mesure de réparer la climatisation ». Alors, ça, c'est fort ! Une fois de plus, la jeunesse est synonyme d'irresponsable. « Ca suffit, j'ai dit comme ça à une collègue, je vais prouver que le technicien avait raison ». J'ai fouillé dans mes souvenirs de MacGyver et « C'est pas sorcier », mais je n'ai pas pu prouver la véracité scientifique de ce diagnostic. Après, je suis parti en vacances et la clim fonctionnait à mon retour. Une fois de plus, j'ai raté une bonne occasion de devenir Super Monsieurtype », l’homme qui lave en l'honneur des plus faibles en public.

23 septembre 2006

Tourisme


Paris est une ville vraiment particulière, surtout quand on la vit, comme moi, depuis un regard de provincial. Prenons l'exemple du touriste étranger, qui vit parmi nous, mais dans ses endroits à lui.

C'est un peu comme les oliviers qui ne poussent que dans des conditions climatiques très particulières, le touriste à Paris n'est qu'à ses petits endroits. On traverse une rue, un trottoir, et il a disparu. Par exemple, le touriste fourmille sur les Champs-Élysées, mais est mystérieusement absent dans les rues parallèles, comme s'il était absorbé par le métro vers un autre lieu de prédilection de touriste. J'imagine les escalators du métro happant le flux de touristes de Franklin Roosevelt pour les recracher au Trocadéro ou à Pigalle.

Ce qui est amusant aussi, c’est qu’en présence des touristes, on change de ville, on passe du Paris crado au Paris magique que l'on ne voit que dans les films américains (généralement lors d’une scène précédant la destruction de la ville ou la confirmation des clichés d'outre atlantique).

Il y a par exemple les musiciens ou les chanteurs de rue chez qui on décèle un certain talent. Dans mon coin du 17ème arrondissement, les seuls musiciens que l'on croise jouent en boucle le même air de trompette depuis plusieurs années, ils doivent avoir les doigts qui bougent tous seuls pendant leur sommeil à force de répéter le même mouvement sur les pistons.

Les touristes nous aident aussi à rendre le transport en métro plus amusant. Qui s'est perdu et bredouille une question sur l'itinéraire en anglais (c'est drôle Reuilly Diderot en anglais), qui déploie son plan dans la rame à grand renfort de coup de coude involontaire, qui demande à se rapprocher de la porte deux stations avant en usant de poussettes pas du tout subtiles… Vous cherchez un touriste perdu ? Allez faire un tour à Brochant (ils veulent tous faire un tour au stade de France) ou à Gare de l’Est (mais où donc est cette gare du nord ?)

En même quand je me mets à jouer les touristes dans une ville étrangère, je dois non plus être plus malin. Je me souviens m'être perdu dans le tramway de Bruxelles, avec toutes ces lignes qui utilisent le meme tronçon, c’est compliqué, ou j'ai acheté à Londres une carte de transport zone1-2 par réflexe, alors qu’il n'y a rien à faire en Zone 2!… qui sait d’ailleurs si un anglais ou un belge n'est pas à l'heure actuelle en train d'écrire un post au sujet des touristes français dans son blog…






Pratique et tendance : le plan de métro imprimée sur la cravate

21 septembre 2006

Les surnoms

Qu’est ce qui fait qu’un surnom fonctionne ? Que tout le monde se mette à l’adopter, sans se poser de questions, à en oublier le vrai prénom ? On pourrait poser la questions aux spécialistes des slogans, du coté des publicitaires (et non les publicistes, qui, eux, travaillent uniquement chez Publicis) ou bien chez Raffarin, qui a un si célèbre sens de la formule, souvenez-vous des « la pente est rude, mais la route est droite », ou bien « il faut dire non au non et oui au oui ».

Dans le très chic quartier du 8ème arrondissement où j’effectue l’essentielle de mon activité salarié, je croise tous les jours un sans abri, qui a élu domicile sur le seuil de l’entrée de l’immeuble de mon employeur. Il est arrivé là avec l’été et il occupe ses journées à quémander un peu de monnaie aux passants, à regarder les oiseaux, à entretenir des conversations avec son reflet dans la glace ou à finir les invendues des sandwicheries alentours en étalant les emballages sur les deux roues stationnées devant l’entrée.

En fait, personne ne connaît son nom, mais j’ai décidé de l’appeler Norbert. Il y a plusieurs années, j’ai passé des vacances en Ariège avec moult amis. Il y avait là-bas un homme sans age, qui devait être né en même temps que la montagne, et qui vivait comme les hommes des temps anciens. Il cultivait ses légumes lui même, sûrement féru des soupes de carottes pleines de terre, et élevait ses propres lapins, qu’il engraissait, tuait, et mangeait. Sauf quand l’un de ces lapins lui devenait trop sympathique, il lui donnait un prénom, et s’y attachait avec force, comme une tique dans les fesses d’un obèse.

Il s’appelait vraiment Norbert, lui ; sa barbe foisonnant, sa crasse fièrement abhorrée sur tout son visage et sa propension à privilégier le short par toute saison me rappellent ce sans abris, qui a su s’attirer la sympathie de tout l’immeuble. Du coup, on l’appelle tous Norbert, le surnom a bien pris. La compta, du 2ème étage, s’enorgueillit de lui donner de temps en temps les plateaux repas en trop. Le service international, du 4ème, lui a déjà donné des feuilles de papier, sans que, nous, au 1er étage, on n’ait vraiment compris pourquoi…

C’est que Norbert, il est sympathique, il nous ouvre et tient la porte, nous salue, nous souhaite bon appétit quand nous partons déjeuner. J’ai vaguement tenté de changer son surnom en Spirou, un groom plein de zèle, mais non, tout l’immeuble s’y est refusé, il ne faut pas se montrer trop humiliant pour autrui m’a-t-on fait comprendre, comme si je n’avais jamais assisté à une séance de catéchisme.

Alors que penseraient les experts ès slogans de cette situation ? En fait, la vraie question est plutôt pourquoi personne n’ose lui demander personnellement son vrai prénom, de peur qu’on fait il s’appelle Louis, ou Jean, ce qui le rendrait moins mystérieux…ou tout simplement plus humain, plus proche de nous et sa misère en serait sûrement moins supportable à nos yeux de cadres privilégiés…

20 septembre 2006

Pourquoi ce blog ?



Pourquoi ce blog ? Oui, c’est vrai, le blog n’est plus le phénomène de mode qu’il a été, on serait dans le creux de la vague, comme dirait Eric Tabarly, ou Jack Johnson. Déjà, on a vu des sujets sur les blogs au best of de l’été de Capital sur M6, c’est dire le retard.

Et puis, pour quelles raisons créer un blog ? Je ne suis pas candidat à l’élection présidentielle, je ne suis pas candidat à la mairie de Bordeaux, je ne dirige une société de blog en me présentant de manière plus ou moins exagérée comme la référence des blogs en France, je ne souhaite pas sortir un livre ou générer du trafic et surtout je ne souhaite pas être découvert sous mon pseudonyme…

Du coup, ce blog ne sert à rien, vous n’y trouverez que des banalités sur les choses que vous connaissez déjà. Des petites moments choisis comme ça. L’inspiration, c’est Nanaimo, sur
http://aboutnothing.org, un blog discret mais précieux. Mais bon, on peut le laisser faire tout le boulot tout seul, il y a tellement de choses banales dans la vie dont il faut parler.

Pour fêter dignement cet événement, retrouvez mes dernières histoires sur ce fameux blog dont je fais tant d’éloge http://www.aboutnothing.org/article-3860427.html. Bonne lecture…

12 septembre 2006

Francis Poupou, le garde du corps au cœur gros comme son poing

Francis est garde du corps. Il a environ 50 ans. Il est grand, costaud et impressionnant. Son allure fait penser à un gorille, une armoire à glace, une goodwill, bref, tout ce qui est imposant et force le respect. Une tête ronde et bien vide surplombe cette masse de muscle, et les derniers cheveux du crâne ont enfin fui ce désert d'expressivité.

J'ai rencontré Francis à l'occasion d'un salon professionnel il y a plusieurs mois, où mon emploi m’avait conduit à gérer des aspects logistiques. Lui, le colosse, était là pour faire garde du corps et le chauffeur des dirigeants et journalistes présents sur le salon. C'est dans la voiture nous ramenant à Paris, que, accompagné d’un collègue, j’ai la chance de dialoguer avec lui. Voici un résumé des trois heures qui ont suivies.

D'abord, Francis n'est pas seulement garde du corps. C'est un extra. Son vrai métier c’est prof de combat. « Je suis prof de free fighting, un des seuls sur Paris. J'ai une ceinture noire de Karaté, j'ai fait des années de boxe, et je connais la boxe thaï. Le free fighting c'est un mélange de tout ça, mais sans les règles » Une chose est sure : la sécurité des dirigeants est bien assuré !

« Je croyais que c'était interdit ce type de combat ? Il n'existe pas de fédérations de ce genre en France ? » dis-je, mi naïf, mi craintif.

- Bien sur que ça existe ! D'ailleurs, j'ai vécu des années au Etats-Unis, et j'étais professionnel d'ultimate combat. J'ai fait 123 combats, et j'en ai gagné 103 ! Mon surnom c'était « le cobras », statique sur les jambes mais vif avec les bras. Bon, bien sûr, de temps en temps, on se mettait d'accord sur l'issue du match. Un coup c'est toi, un coup c'est moi qui gagne. Comme en politique.

- et les cours se passent comment ?

- il faut aimer travailler dur dans mon cours. Le combat, c'est avant du réflexe, et le réflexe s'acquiert à l'entraînement. Dans mon cours, je reçois tout type de personnes. Tiens, bah l'autre jour, j'avais un espèce de tchèques ou de Yougo. Il voulait pas enlever ses randgers aux pieds. Et ben je l'ai maté ! Je l'ai pris en démonstration, et quelques clés plus tard, il en pouvait plus. Et il reviendra plus j'espère ! J'étais près à lui casser un bras. Et j'aurais pu le faire! D'ailleurs, il ne faudrait que deux doigts pour tuer un homme. Et encore, un seul suffit, le second sert à maintenir. Deux doigts, comme ceux-là » me disait-il en me montrant ces deux énormes doigts.

En plus d'être prof de combat pour des particuliers, il donne aussi des leçons aux brigades spéciales de la gendarmerie. Quand il a encore un peu de temps, il exerce la fonction de détective privé « oui, je suis assermenté. Ça veut dire que si je témoigne au tribunal, ça a plus de valeur que quelqu'un qui ne l'est pas. Et puis ça m'arrive de bosser sur des cocus, mais souvent c'est pour les entreprises. On suit des clients, on vérifie qu'ils ne rencontrent pas des gens que notre employeur ne préfère pas qu'ils rencontrent, ce genre de chose. »

Quand il ne broie pas les os d'autrui ou ne démantèle pas des réseaux d'espions industriels, Francis se passionne pour les nouvelles technologies. « J'adore l'informatique. D'ailleurs, avec mes gars (ses élèves) on s'échange des DivX pornographique. Et puis des fois, c'est pas exprès, on croit avoir un Stalonne ou un Jackie Chan, mais c'est un porno. Alors bon, on le regarde jusqu'au bout quand même. » Par-dessus tout, Francis a su rester jeune dans sa tête, et aborde la vie pleins d'ambitions, de rêves simples dans la tête, et distillant à qui veut l'entendre des leçons de courage emprunts d'un esprit cartésien.

« Moi, la politique, j'y crois pas. Je me suis toujours contenté de ne pas voter extrême. Et puis après, je choisi pas en fonction du parti ni du programme, mais en fonction du type et de qu'il dit, si j'aime ou pas ce qu'il raconte. »

« Dans la vie, y a deux types de personnes : ceux qui sont plus forts que toi et les autres. Si tu rencontres un type de la première catégorie, alors tu fermes ta gueule. L'autre jour, dans le RER, un type l'a ouverte parce que des jeunes fumaient dans le wagon. Le jeune lui a collé une droite directe. Alors moi je suis intervenu. Je lui ai dit au type qui l’avait oouverte, soit t'ouvre ta gueule et tu te défends, soit tu t'écrases. Résultat, tu l'as ouverte et t'as pris un pain, j'espère que tu as compris pour la prochaine fois.»

Et puis dès fois, au milieu d’une conversation, il stoppe son débit de parole… … le regard perdu au loin, sur l’autoroute, il prononce comme une prière « Ah, l’Afrique ! ». Puis, il reste silencieux encore quelques secondes On lui demande alors promptement s’il connaît bien l’Afrique, qui sait, il a peut-être participer à des coups d’Etat, ou fait passer des diamants à travers la frontière Congolaise dissimulé dans des statues de la Vierge Marie… mais l’Afrique garde son mystère, et Francis change de sujet tout net « Je vous ai dit que j’ai suivi des formations de conduite extrême ? »

Les kilomètres défilant, le retour à Paris arriva vite, Francis ne pouvait pas alors caché sa tristesse de nous quitter, lui qui nous avait tant appris en ces kilomètres. Ces yeux semblaient presque rougir. Finalement, Dame Nature a donné un corps trop puissant à une âme d'enfant rêveur…

On se quitta sur un « on se revoit au prochain événement courant Juin ! » plein de promesses. Mais depuis ce moment, on n’a plus eu de nouvelles de Francis. Il paraît qu'il aurait balancé des conneries à des journalistes financiers à propos de la boite, ses fameuses courses poursuites avec le corbeau de la direction ou une filature avec la taupe du comité de direction.

Une morale limpide et claire m’apparaît au souvenir de cette rencontre. On dit souvent que l’habit ne fait pas le moine, que derrière un masque se cache souvent une personnalité complexe aux multiples facettes. Mais dès fois, on se rend compte que ce n’est pas vrai. Et si finalement les stéréotypes ont la vie dure, c’est peut être parce qu’on a souvent l’occasion de les vérifier…

08 septembre 2006

Denis-fait-rien

Il existe en ce bas monde des personnages au destin douloureux. Ils sont payés à ne rien faire, pire, payer à attendre qu'il ne se passe rien. Ce sont les vigiles des supermarchés, les gardiens de parking, ou les types qui ne vendent pas de tickets à la station désertée de Danube (mini-ligne, station en sens unique…)

Il y a aussi tous les policiers et gendarmes qui attendent devant les ministères et ambassades du 8ème arrondissement. C'est amusant de voir comment un policier seul est triste : il prends un air mauvais un peu vachard, alors que quand ils sont par groupe de 3 ou 4 ils s'amusent beaucoup, à parler bruyamment de motos, à rigoler fort, ou à déshabiller du regard les secrétaires qui sortent des ministères à 16h30.

Pourtant à ce petit jeu, j'ai repéré un type qui attend, mais qui ne surveille rien. Il est devant la grande poste de Miromesnil. Il est là, tout droit sur ses jambes, la bedaine arrogante, à attendre. Au début, je pensais qu'il faisait une quête, ou un truc de ce genre,mais non. Il est là entre 17h et 19h, il n'a même pas de petite cabane chauffée, comme les policiers précieux des monuments publics. J'ai décidé de l'appeler Denis, parce qu'il ressemble vaguement à DenisKessler, le gros type du MEDEF, et que, comme lui, il ne sert à pas grand-chose (et hop, une pique politique pour tous les lecteurs de MEDEF Magazine dans la ligne 1). Et puis, j'adore Denis Brogniart, le présentateur de TF1, et sa façon de parler com-me ce-la en ha-chantles phra-se et en ajou-tant des liai-sons dé-biles dans ses com-men-taires…

Je me demande bien à quoi sert Denis. Peut-être qu'il surveille si tout ce passe bien dans la rue « c'est bon les gars, tout le monde roule à droite », mais il n'a pas de petite boite où parler (je préfère la périphrase à l'emploi du mot takie-walkie tellement ringard). Ou alors il fait le guet pour tous les facteurs qui jouent au football avec nos colis derrière le bâtiment au lieu de ranger consciencieusement, dès fois que le patron passerait faire une inspection. Une fois plus, des dizaines de destinataires recevront leurs vaisselles brisées ou leurs caméscopes en petits morceaux. Des anniversaires d'enfants innocents seront gâchés, des fêtes de Noël seront ratées et les enfants pleureront et seront turbulents dans le TGV. Au lieu de jouer en silence dans leurs sièges avec leurs jouets tout neuf, ils courront dans les couloirs, feront du bruit, et dérangeront les passagers calmes comme moi. Résultat, ça me donnera encore moins envie d'avoir des enfants, et plus personne ne pourra payer nos retraites. Alors s'il te plait Denis, réveille toi et pense à la France.