08 septembre 2006

Denis-fait-rien

Il existe en ce bas monde des personnages au destin douloureux. Ils sont payés à ne rien faire, pire, payer à attendre qu'il ne se passe rien. Ce sont les vigiles des supermarchés, les gardiens de parking, ou les types qui ne vendent pas de tickets à la station désertée de Danube (mini-ligne, station en sens unique…)

Il y a aussi tous les policiers et gendarmes qui attendent devant les ministères et ambassades du 8ème arrondissement. C'est amusant de voir comment un policier seul est triste : il prends un air mauvais un peu vachard, alors que quand ils sont par groupe de 3 ou 4 ils s'amusent beaucoup, à parler bruyamment de motos, à rigoler fort, ou à déshabiller du regard les secrétaires qui sortent des ministères à 16h30.

Pourtant à ce petit jeu, j'ai repéré un type qui attend, mais qui ne surveille rien. Il est devant la grande poste de Miromesnil. Il est là, tout droit sur ses jambes, la bedaine arrogante, à attendre. Au début, je pensais qu'il faisait une quête, ou un truc de ce genre,mais non. Il est là entre 17h et 19h, il n'a même pas de petite cabane chauffée, comme les policiers précieux des monuments publics. J'ai décidé de l'appeler Denis, parce qu'il ressemble vaguement à DenisKessler, le gros type du MEDEF, et que, comme lui, il ne sert à pas grand-chose (et hop, une pique politique pour tous les lecteurs de MEDEF Magazine dans la ligne 1). Et puis, j'adore Denis Brogniart, le présentateur de TF1, et sa façon de parler com-me ce-la en ha-chantles phra-se et en ajou-tant des liai-sons dé-biles dans ses com-men-taires…

Je me demande bien à quoi sert Denis. Peut-être qu'il surveille si tout ce passe bien dans la rue « c'est bon les gars, tout le monde roule à droite », mais il n'a pas de petite boite où parler (je préfère la périphrase à l'emploi du mot takie-walkie tellement ringard). Ou alors il fait le guet pour tous les facteurs qui jouent au football avec nos colis derrière le bâtiment au lieu de ranger consciencieusement, dès fois que le patron passerait faire une inspection. Une fois plus, des dizaines de destinataires recevront leurs vaisselles brisées ou leurs caméscopes en petits morceaux. Des anniversaires d'enfants innocents seront gâchés, des fêtes de Noël seront ratées et les enfants pleureront et seront turbulents dans le TGV. Au lieu de jouer en silence dans leurs sièges avec leurs jouets tout neuf, ils courront dans les couloirs, feront du bruit, et dérangeront les passagers calmes comme moi. Résultat, ça me donnera encore moins envie d'avoir des enfants, et plus personne ne pourra payer nos retraites. Alors s'il te plait Denis, réveille toi et pense à la France.

Aucun commentaire: