12 décembre 2009

Quelque part en l'an 3009

Prenez quelques instants pour lire ce récit. Il déroule lors de l’été 3009, Monsieur Type Junior trentième du nom vit quelque part sur le très vieux continent de l’empire Eurorusse, dans une ville industrielle construite sur des hauteurs non inondables. Une chaleur ordinaire brûle les rues et les places, l’air est chaud et les passants sont rares. Quelques badauds pressés se réfugient à l’ombre des palmiers centenaires en attendant un transport, les autres rejoignent le stade de l’Université.

Les milliers d’habitants de ce complexe se sont réunis dans le stade souterrain pour assister à une réunion capitale pour l’avenir de la ville. Le résultat des élections planétaires a plongé la terre entière un profond chaos

Curieux et friand de la vie démocratique des castes, Monsieur Type Junior trentième du nom avait décidé de participer à cet événement majeur. L’élection universelle a lieu tous les 3 ans nouveaux (NDLR : depuis que la planète Terre a été éloigné du Soleil au cours du XXIII eme siècle pour la sauvegarder du réchauffement, une année terrestre nouvelle équivalait à 1,3 année d’avant la grande migration stellaire).

L’élection planétaire était la plus importante, mais aussi la seule depuis qu’on avait décidé, pour gagner du temps et de l’argent, que les députés et sénateurs étaient élus via des sondages représentatifs de la population. L’élection planétaire consistait à donner un chef à la Planète. Ce chef suprême présiderait aux destinées des 14 milliards d’être vivants de classe 1, ayant aussi la responsabilité de représenter la Terre au conseil des grandes Planètes.

Le Président S.G.M (Sa grande machinerie) Vista 6 ne se représentait pas en 3009 en vertu de la loi n°1 de la Constitution Planétaire, qui stipulait qu’un être vivant de classe 1 alternait avec une machine intelligente à chaque mandat. Son premier ministre, en revanche, un clone ambitieux au nom de Georges Clooney Prime 9, apparaissait comme le favori de la compétition.

Issu d’une lignée ayant déjà connu par le passé deux Présidents (Clooney 3 et Clooney 6), Georges Clooney Prime 9 était la Réplique clonée de l’ancien président des Etats-Unis du XXIème siècle. C’était un Prime modéré, c'est-à-dire un clone qui avait génétiquement amélioré son ADN pour considérablement rallonger son espérance de vie avec des robots médecin (il avait déjà 73 ans, mais les précédentes répliques Clooney avaient tous vécu plus de 130 ans). Son attachement à la caste des Primes lui attirait la sympathie des clones plus conservateurs, ceux pour qui la vie était destinée à reproduire – répliquer – la vie, et l’œuvre, de leur modèle d’origine. On comptait d’ailleurs traditionnellement à chaque élection planétaire un Prime Orthodoxe. Cette frange de la caste des Clones refusait de voyager vers les autres planètes, de se soigner par les robots médecin ou même de se connecter au Grand-Tout-Web. Ces individus cherchaient à reproduire la vie des gens qu’ils répliquaient, quand les autres primes profitaient du patrimoine génétique exceptionnel de leurs pères.

Pour la première fois, la caste des clones était réunie sous une seule bannière. Monsieur Type n’aimait pas ce rassemblement des clones qui augurait de mauvais présages. Certains détracteurs de Clooney 9 lui prêtaient des intentions bellicistes, notamment un vaste projet de reconquête de l’espace. Toute colonisation de planètes ou création de satellites spéciaux étaient pourtant formellement interdits pour la caste des répliques, depuis leur défaite en 2670 dans la Guerre des Hommes Primes contre les Hommes Brassés (NDLR : chromosomes brassés, des êtres humains d’un accouplement et d’un brassage génétique). Il était aussi interdit aux répliques de reproduire des copies de même modèle sur les mêmes périodes. Les robots médecins, seuls capables de réaliser les opérations de clonages, ne pouvait que créer une réplique à la mort de son prédécesseur.


Autre nouveauté à l’occasion de ces élections, la présence d’un Menzatata. Les Menzatata n’étaient pas tout à fait des êtres vivants, c’était plus des machines vivantes. Leur visage était tannés par le travail, creusé par la détresse, et ravagés par la peur ; quant à leur corps, il était voûtés par la charge mais solide. Très peu intelligent, mais juste assez plus que les rats ou les cheveux pour être considérés comme des êtres humanoïdes de classe 1, il était cependant robuste et dotés de capacités de reproduction (à la différence des Clones ou des robots) ils étaient très nombreux sur la planète et constituait la caste la plus importante, avec 8 milliards de représentants.

Produits en masse dans l’Amérique du Sud du XXVème siècle à partir d’un patrimoine ADN très pauvre, mélange d’un ivrogne et d’une fourmi dit la légende, ils étaient destinés à être tantôt esclave-ouvrier dans les énormes complexes industriels du Brésil, tantôt chair à canon dans les guerres stellaires. Malgré un taux de mortalité très élevé sur leur travail, la population Menzatata ne cessait de croitre.. Peu enclins à se mélanger avec les autres habitants, dotés d’un vocabulaire très pauvre, ils vivaient la plupart du temps reclus dans les quartiers périphériques ou les bas fonds des complexes de refroidissement climatique, chassant les rats et gâchant leurs soldes dans les casinos clandestins tenus par extra terrestres échoués.

Les Menzatata n’avaient pas l’habitude de voter aux élections, ni même d’envoyer un représentant aux élections.

Du côté des représentants des Humains Brassé comme on appelait dorénavant la minorité de Monsieur Type, deux individus se présentaient. Une ancienne vedette de télé-réalité, qui avait les faveurs de la presse planétaire, et un candidat extra-terrestre Narn, qui se présentant sous la bannière des Humains Brassés.

Les Narn étaient l’une de ces populations extra terrestre suffisamment humanoïdes pour que la Terre leur soit un lieu de refuge propice. Leur planète natale, au large d’Alpha du Centaure, avait été annexée puis détruite par les Clones Primes lors des guerres du XXVI ème siècle.
Réfugié sur Terre, les Narns s’étaient progressivement intégré parmi les communautés locales, au point d’apparaître aujourd’hui comme leur égale. Le Narn, répondant du nom de Gkar, était réputé pour son intelligence et son sens aigu de la stratégie. Premier extra-terrestre à être diplômé de la prestigieuse école militaire d’Athena sur Neptune, premier Narn à réussir dans les affaires, avec ses entreprises du secteur de niouteklogie (NDLA : cherchez pas, ça n’existe pas encore), il n’avait hélas pas le soutien des médias. La presse mondiale, soutenue par les énormes colonies galactiques, menaient campagne pour l’ex-vedette de télé réalité.

Les colonies galactiques… c’était le lobby qui effrayait Monsieur Type. Face à la détérioration de la planète, additionnée à l’insécurité et aux épidémies ravageuses importées par les migrants extra terrestres, de plus en plus de communautés s’étaient créée sur des stations spatiales géantes, telles Atlantis 8, qui réunissaient 3 Milliards de résidants, ou Google Earth 3 qui comptait 1,7 Milliard d’humains. Aucun clone n’y était toléré, et les machines intelligentes étaient surveillées de prêts, de sorte qu’aucune Humains Brassés n’était menacés. Mieux, les colonies géantes s’étaient créées sur des critères de religion et politique, si bien qu’aucun trouble interne ne marquait la vie de ces mégacités de l’espace. On comptait des cités musulmanes, juives ou communistes.

Ces milliards d’humain des étoiles, ayant conquis planètes ou orbites spatiales, et voulaient reconquérir la Terre et y anéantir les êtres répliques comme les extra terrestres accueillis. En soutenant un candidat populaire mais incompétent et inexpérimenté pour l’élection, il prenait le risque que les tensions avec les autres castes. A coup dur, on se dirigerait vers un conflit armé… Clone, robots, mutants, extra terrestre, intelligence artificielle évoluée... quelle caste allait remporter cette guerre du genre ?

15 septembre 2009

Hans D, le directeur du palace qui m’agace


J’ai passé une semaine de vacances dans un palace de Djerba. Grande chambre richement décorée, restaurant haut de gamme, service impeccable, le Sofitel de Djerba mérite assurément son titre de second ou troisième meilleur hôtel de l’île tunisienne.

Un palace, c’est une grande maison, avec des centaines de salariés, presqu’un millier de touristes, et des millions de contraintes. A la tête de ce casse tête géant, Hans D. est un directeur général de poigne. Prénom allemand pour la rigueur, patronyme français pour le sens des relations, diplômé d’une grande école de commerce et polyglotte. Homme parfait ? Sûrement pas. Je me suis promis de voir le directeur échouer, et dès mon arrivée le menaçait d’un poing serré « je t’aurai, Hans, je t’aurais ! »

Premier soir, par un petit mot glissé sous la porte de la chambre, Hans nous convie pour un pot d’accueil. Certes, le vin était dégueulasse (le rosé tunisien ne franchit pas souvent la méditerranée, et c’est tant mieux), mais l’esprit de fête était là. Teint hâlé, pantalon de lin et bras de chemise, Hans serre les mains à tour de bras. « Bonsoir Madame, j’espère que vous profitez de votre séjour », glisse-t-il à un couple de sexagénaires. « Messieurs dames, je vous souhaite le plus agréable des séjours dans notre hôtel », souffle-t-il, plus loin, à un groupe de touriste dissertant sur le cours de la bourse. Affable, généreux, proche, Hans est décidemment un homme de contact. Je regagne la chambre en ruminant de ne pas avoir vu Hans commettre son premier faux pas.

Les jours passent, et au troisième soir, Hans apparait accompagné de quelques employés, à la table du restaurant gastronomique de l’hôtel. Encore une virée entre potes pour se soûler et pincer les fesses les serveuses ? Pas du tout, Hans était venu pour fêter la remise du prix de l’employé du mois d’août avec Yasmina, la réceptionniste du spa, récompensée pour sa disponibilité envers les clients. Je quitte le restaurant sans avoir pu surprendre le DG en train de déconner.

La semaine se termine. Malgré tout mes efforts, je ne suis pas parvenu à coincer le directeur du palace. Le dernier soir, Hans circule dans le buffet. Encore impeccable et professionnel, il organise le service, rappelle les serveurs, et facile la circulation des clients. Alors que je reviens à ma table avec une assiette démesurément chargée de beignets et de brochettes, Hans me jette un regard chargé de sens. Finalement, c’est moi qui me suis fait coincer en plein péché de gourmandises.

07 septembre 2009

Ma troisième réunion de copropriétaire, ou comment je suis devenu un pilier du conseil syndical


Un après midi brulant de juin embrase Asnières quand sonne l’heure de ma troisième réunion de copropriétaire. Déjà, Mlle James, 70 ans dont une grande partie à loger dans le petit appartement du troisième, a gagné la côte et les fraicheurs de la maison de repos. Elle est la grande absente de la soirée. Ses diatribes contre la famille Cissé, qui ne paie plus ses charges et attire la foudre de tous les copropriétaires, vont nous manquer.

Monsieur Gomez est l’autre absent. Lui, c’est le monsieur technique de l’immeuble. Il surveille les artisans, négocie les petits devis, et s’arrange pour faire travailler des copains à pas cher. C’est un ancien du BTP, il s’y connaît, et fait part très largement de son avis durant les réunions, à grands renforts de longues phrases pas toujours très claires. Il parle un français approximatif, où l’on comprend surtout qu’il en veut au gérant du syndic, qui doit déployer des trésors de courtoisie de ne pas le fâcher à chaque point de l’ordre du jour. Dans sa manche, Monsieur Gomez cache tous les ans une longue liste de griefs contre différents petits travaux, comme la peinture de l’ascenseur en 2002, la peinture de l’escalier en 2004 ou encore le changement de porte en 2005.

Avec l’absence de ces deux rois de la contestation parmi la copropriété, la réunion file à toute allure, quand le gérant du syndic fait appel à des volontaires pour le conseil syndical. « Voyons, n’y a-t-il personne ? »

Bah, ça ne doit pas être bien difficile me dis-je. Valider deux ou trois devis dans l’année, surveiller les comptes de la copro à la fin de l’année… A peine le temps de bien peser ma décision que je m’entends dire « S’il faut quelqu’un, je veux bien être volontaire cette année »

« Pas d’autres volontaires que Monsieur type ? Et bien continuons » Et ainsi, me voici seul membre du conseil syndical, avec Mlle James et Monsieur Gomez, qui, bien qu’absents, ont souhaité rester au conseil. La belle affaire !

La réunion reprend son cours et les points à l’ordre du jour s’enchainent comme les relances pour payer les appels de charge. On approche de la fin de la réunion, quand déboulent Monsieur et Madame Dubois.

« Bonjour, Madame Yvette Dubois. Je suis très en retard, j’ai fait 525 km pour venir !», clame Madame Dubois après une entrée tonitruante. « Jean Ursule Dubois, propriétaire du 3ème gauche, venu pour rencontrer ces copropriétaires pas solidaires ! » lâche son grand manteau de mari.

Jean Ursule, cinquantenaire droit comme i à la cravate fleurie, la veine bien évidente sur le front « On a eu 4 dégâts des eaux, 4 ! Et personne ne dit rien, personne ne nous a prévenu, n’est ce pas monsieur les propriétaires ! »

« Qui est le président du syndic ? » lâcha la femme, telle une harpie mythologique. Alors tous les regards se portèrent vers moi. S’ensuit un véritable petit sketch de Guignols, avec cris, prises à parti scandalisée, gloussements « mais monsieur, je ne vous permets pas », ou rire moqueur « ha ha, mais vous pouvez avoir honte tous autant que vous êtes ». Je décide alors de m’enfoncer pour de bon dans mon fauteuil, en attendant que ça passe. Après tout, Monsieur Gomez et Mlle James sont absents, ça aurait pu être pire.

18 juin 2009

Le chauffeur de la navette était portugais

Depuis que je travaille dans le quartier d’affaire de Clichy, quelque part coincé entre un pont, la Seine, et des immeubles en béton, je rentre tous les soirs en navette jusqu’à la gare. Le conducteur de la navette est en général bien bavard en anecdotes de toutes sortes, entre des cousins en prison, un oncle à scandales ou le problème de ces gens qui travaillent tellement au lieu de profiter de la vie.

Parmi la bande de loustics qui officie sur les routes clichyssoisses, un petit nouveau a déjà gagné le podium des meilleurs chauffeurs. Voyez donc, alors que je me plaignais de la tristesse du quartier, un soir, vers 20h, sur la route du retour, il me dit « Moi, quand j’ouvre ma fenêtre, j’ai une splendide vue sur le jardin de Luxembourg. »

Et de confirmer « Ma mère est gardienne d’un immeuble dans le 6ème arrondissement. Et c’est plutôt la belle vie. Dans l’immeuble on croise des baronnes et des châtelains. Même que la dame du troisième est copine avec la reine d’Angleterre ! »

« Oh, ça, vous savez, ce ne sont pas des gens qui ont besoin de travailler. Ils sont des immeubles partout, des actions dans les grandes entreprises et des domaines. Les caves sont remplies de bouteilles à 10 000 € ! C’est le cuisinier de la dame du second, Bertrand, qui m’a raconté, qu’on ne se prive pas d’en ouvrir de ces bouteilles pour le diner. »

« Et ils ont très gentils, très simples. Toujours ils demandent à ma mère comment je vais, et la famille. Dès fois, je rends des petits services. Tiens, l’autre jour, j’ai aidé la dame du troisième à monter sa valise. Elle m’a donné 50€ ! Je lui ai dit, c’est beaucoup, elle a insisté, ça lui faisait plaisir ! Alors je ne vais pas refuser deux fois ! »

« Mon père, lui, il est chauffeur de taxi. Il me dit je suis un lèche-cul, trop gentil avec ces gens là. Mais quand on me propose 150 € pour nettoyer une voiture, j’accepte, moi je suis agréable, courtois avec ceux qui donnent de l’argent ! »

« Ma mère, est très appréciée dans l’immeuble. Vous savez, les Portugais, sont les meilleurs gardiens d’immeuble, les Espagnols, ça dépend. Mais les Français, non, c’est pas du tout bien apprécié ».

« Au Portugal, les gens font trop attention aux classes sociales. J’ai un cousin qui se fait appeler Docteur. Il a juste crée son entreprise, il n’a pas spécialement beaucoup de diplômes, mais que voulez-vous, il tient à son rang. »

Fin du voyage, vivement la suite…

13 avril 2009

Déménager en se ménageant

Un déménagement, c’est un jour dramatique pour ceux qui déménagent et une grande comédie pour ceux qui les accompagnent. Comme dans toute bonne série américaine, il y a des quotas de personnages : un leader, des gros bras, quelques planqués, et une poignée de pessimistes « on n’aura pas le temps, on ferait mieux de décaler le déménagement à demain ! ».

Par exemple, il y a toujours une personne qui surveille le camion. Un boulot visible et pas trop fatiguant. Plus malin, celui qui prend de l’avance, « je prends les devants et vais ouvrir la porte du garage ! » Et hop, au moins 20 minutes peinard à fumer une cigarette au balcon.

Il y a aussi ceux qui restent en retrait. « Je range l’appartement ! Je nettoie et passe l’aspirateur ! » C’est vrai que pour un état des lieux de sortie il faut au moins passer l’aspirateur pendant une journée. Dans le même genre, il y a le roi du gueuleton. « Je vais chercher des pizzas et des bières », annonce-t-il fièrement, avant de revenir une demi heure plus tard, reposé, et triomphal, passant aux yeux de tous pour un héros.

Doté d’une longue expérience en déménagement, j’ai moi-même fini par développer ma propre spécialité. Il s’agit de passer du temps dans les escaliers. Au camion : « Ouh ! Il n’y a plus trop de place, je vais les prévenir, là-haut ! ». Une fois en haut « Aïe ! Je ne sais pas si le fauteuil va rentrer, je descends vérifier le camion ». Et hop, deux ou trois allers retours les mains vides de gagnés, et l’impression donnée à tous d’être sacrément utile.

Attention cependant que ces jeux de rôles ne transforment le déménagement en fiasco. C’est pourquoi il faut au moins quelques courageux et gros bras. Rien de tel qu’un jeune fiancé cherchant à impressionner sa dulcinée. J’ai ainsi pu voir un type porter à lui tout seul un frigo, à grand renfort de transpiration et de rendez vous chez le kiné.

07 avril 2009

La dame aux 1000 trucs

Passez la porte de ce pressing de quartier, vous n’y trouverez qu’une vielle boutique parmi tant d’autres. Moquette délavée, tubes fluo jaunes au plafond, robes et cravates oubliés sur des portants de l’entrée, accumulant la poussière et comptant les années.



Derrière un comptoir en marbre brun massif, que tellement il est vieux que même les archéologues ils ont rien trouvé d’aussi vieux dans les fouilles de Pompéi, se trouve la dame du pressing. Ni vieille ni jeune, elle affecte un sourire figé aux clients.



« Repassez jeudi », « repassez vendredi » ou encore « repassez lundi » devraient être les répliques principales de ces journées. Pourtant, on vient de tout le quartier lui demander conseil. D’ailleurs, elle ne peut pas s’empêcher de glisser des astuces de grands-mères à ses clients.



Un souci avec une tâche de café ? Surtout pas d’eau, et encore moins de sel, mais Madame Pressing vous promet des merveilles d’efficacité avec ses recettes spéciales de savon. Un secret que l’on se transmet de génération en génération, de dame de lavoir à dame de pressing.



Pour ranger les pantalons dans l’armoire ? Rien de tel qu’un carton enroulé autour d’un cintre pour bien conserver un pantalon sans pli. Une astuce pratique, et à la portée de toutes les bourses.



Pris dans la discussion, et tenté par l’expérience de sociabilité avec un contemporain, je lui explique que mon chat a pris la mauvaise habitude de dormir dans les pantalons, polluant mes habits de tous ses poils.



« Pour les chats, j’ai mon astuce, je les regarde droit dans les yeux et je dis ‘pas bien, pas bien’ ! »


Parler à un chat ! Et pourquoi pas nettoyer une tâche de café avec du sel !

27 mars 2009

Haute voltige de chat

Quelle ne fut pas ma surprise en rentrant ce soir. Un chat en haut de la porte. Original.

23 mars 2009

La ligne de bus maudite


Il y a près de la maison une ligne de bus, la 167, qui relie le Pont de Levallois à Nanterre Ville.


On raconte que cette ligne de bus est maudite. Comme un navire hanté, qui viendrait effrayer les marins les jours de tempête, le bus 167 fait des apparitions aux plus mauvais moments de la journée, tel un démon narguant les citadins de toute sa malice.


Le bus traverse le très long pont de Levallois, qui sépare le quartier de Bécon au quartier d’affaires de Levallois. Un bon marcheur a besoin de 15 minutes pour traverser cet ouvrage qui franchit deux bras de la Seine et l’île de la Jatte.


Il est toujours opportun de monter dans le 167 avant le pont et de descendre après ; mais de mémoire d’habitants, on n’a jamais vu un bus desservir cet arrêt quand des passagers l’y attendaient. Par contre, sitôt la marche pour franchir le pont commencée, le bus nous dépasse, et d’un bref coup de klaxon nous empourpre de rage.


Une autre fois, j’ai réussi à monter dedans. Je rentrais du supermarché chargé de victuailles, la perspective d’un retour en autobus étant du plus grand réconfort. Quelle candeur, quelle stupidité ! Je croisais dans le bus Mlle James, la voisine de 5ème étage, dont je devais monter les courses et les colis pour soulager ses vieilles jambes de septuagénaire.


Sur le site de la Ratp, le bus 167 passe toutes les demi-heures le dimanche en bas de ma fenêtre de chambre. Pourtant, je suis persuadé que toutes les dix minutes un bus s’y arrête pour faire vibrer mes fenêtres et gâcher mes grasses matinées.


Un soir de départ en week-end, bloqué dans les bouchons pour regagner l’A86, je piaffais d’impatience pour avancer, quand tout d’un coup, j’ai vu le 167 dépasser tout le monde depuis le couloir de bus. Bien sur, il était vide et roulait à tombeau ouvert, vers l’inconnu ou la grande banlieue…

18 mars 2009

Visite éclair à Tonnerre.

Le guide touristique de la Bourgogne pourra vous inviter à faire un détour par la ville de Tonnerre, dans l’Yonne. C’est un très mauvais conseil.

Tonnerre est probablement la ville la plus dévastée que j’ai eu l’occasion de visiter. Les boutiques fermées sont très nombreuses dans la route principale, y compris le « Super Fouille » et le « Codec ». Dommage, car j’aurai bien aimé savoir ce qu’on pouvait y vendre.

Pas d’agence immobilière, peu de commerce, peu de cafés. Nous décidons cependant de pousser la porte de la « taverne du centre », petit établissement débiteur de boisson…

Au bar, un petit monsieur de 70 ans, que l’on appellera Petit Louis, raconte que les gendarmes vont passer l’arrêter, parce qu’il s’est encore bagarré dans un bistrot voisin.
Un téléviseur coincé au fond de la salle crachote des images d’une épreuve de course cycliste, qui capte toute l’attention de Bébert, un autre vieux monsieur, qui répète le nom de tous les coureurs passant à l’écran « Ah, Magnien ! Lui, il va faire un coup ! Ah, Gautier, il est rusé, lui ! »

Après nous avoir servi avec soin, la tenancière du bar, une dame aux cheveux longs et mouillés (ou gras), habillé d’un t-shirt publicitaire, nous harangue « ca va ? Hein, ca va ? ». Intimidé, nous finissons par dire que oui, tout va bien pour nous…

Il y a deux sites à visiter à Tonnerre : l’hôpital et la fosse Dionne. L’hôpital est un hospice. La fosse Dionne, c’est un lavoir alimenté par une source sous-terraine. Après avoir vainement cherché le site, nous avons fait demi-tour pour regagner la voiture et une destination moins déprimante.

C’est précisément à ce moment, au détour d’un trottoir, que nous avons croisé la femme goomba. Un mètre cube de gras, déambulant gauchement sur le trottoir, nous glaçant le sang de toute son horreur.

28 février 2009

Quelques petits trucs à faire en attendant la séance de cinéma.

Quinze minutes avant le début de la séance, vous êtes confortablement installé dans le fauteuil en mousse d’un de ces cinémas ultra moderne, un « méga ciné cité complexe» Pathé, Gaumont ou UGC construit uniquement avec des écrans et des escalators en une nuit par des ouvriers formés sur des legos.

Au cinéma, les films ne commencent jamais à l’heure, et le temps est parfois long avant la séance. Voici quelques petits trucs pour s’occuper pendant les longues minutes qui précédent un film.

Manger entièrement le paquet de pop corn avant le début du film. C’est assez facile à faire depuis que les complexes de cinéma vendent du pop corn très mou, qui ne craque pas sous la dent et donc ne fait pas de bruit. Vous pouvez même tenter d’avaler vos pop corn avec une paille.

Lire le magazine sur les sorties, où aucun film n’est critiqué. Il faut alors y dénicher les nanards, en détectant différents indices, comme l’apparition du nom de Jerry Bruckheimer à la production, la durée du film d’1h29 ou encore s’il s’agit de la suite d’un film dont on n’avait même pas entendu parler.

Rire aux publicités. Oui, c’est curieux au cinéma les spectateurs rient devant des spots qui passent depuis des mois à la TV. Soit ils rient pour montrer qu’ils ont compris, soit c’est parce qu’ils font partie de ces gens qui coupent le son à la moindre pub TV, en poussant des cris épouvantés et en secouant les bras de rage, de colère et d’effroi.

Se préparer pour lancer le premier chut à la salle, juste après l’apparition du logo de la société de production. Il faut être alerte pour être le premier, ni trop tard, ni trop tôt.

Faire tout un fracas quand un voisin demande que l’on se décale. Prendre les manteaux, branler du chef, se trémousser en se déplaçant, secouer le strapontin et montrer sa mauvaise humeur aussi explicitement qu’un chauffeur de taxi intercepté à Roissy.

23 février 2009

Voyages dans les Frances


Mon activité professionnelle m’a amené à parcourir notre beau pays. Ha ! Les régions, et leur charme si particulier ! Depuis que je vis à Paris, j’en oublie le calme et la volupté des capitales régionales : Lyon, Marseille, Cannes… j’ai au la chance de parcourir ces villes en y passant systématiquement moins de 2 heures ! Rien de tel pour ne retenir que la substantifique moëlle des cités de province… ou pour complètement passer à coté !

Lyon : Les caténaires des transports urbains enlaidissent le paysage. Les petites rues du vieux Lyon sont plutôt sinueuses et le chauffeur de taxi se régale à les déambuler en suivant les conseils d’un GPS audacieux.

Marseille : Les accents chantants du chauffeur du taxi évoquent la garrigue, au rythme des cris (Fada !!) » lâchés au détour des carrefours disputés. Sur le vieux port, on sert la bouillabaisse jusqu’à 22 heures, et on présente le poisson avant de le découper en petits morceaux. Miam.

Cannes. Petites rues très propres, des vieux et du soleil. Chauffeur de taxi bavard. Le reste, j’ai oublié.

Bordeaux. Enfin à coté, dans la zone industrielle. On a juste aperçu l’aéroport (où ils vendent des cannelés) et vu quelques panneaux indiquant le bourg, mais pas de vignes. Les zones industrielles sont toutes aussi vilaines les unes que les autres. Le type qui choisit le nom des rues des zones industrielles est un psychopathe.

Toulouse. C’est vrai qu’elle est rose cette ville ! Mais vraiment, hein. Pas rose comme un cochon ou l’agenda d’une collégienne, mais orange rosé. Et très agréable du reste, avec une place du capitole assez vaste pour s’y intéresser. L’aéroport est déprimant, il faut se déshabiller pour prendre un avion jusqu’à Paris, la blague.

Strasbourg. Gare très impressionnante. Taxi ahurissant : un jeune écoute une radio allemande, mais pas des chansons de Tokio Hotel, des actualités avec des types qui parlent et tout ! La place klébler est au centre de la ville, il y a un sapin énorme. Sur le chemin retour, le chauffeur nous avoue qu’on aurait été plus vite à pieds, il y avait 300 mètres à faire (11 €)

Rennes. Ville très surprenante avec des immeubles assez hauts dans le centre ville et des centres commerciaux en forme de labyrinthe. On s’est perdus, on a interrogé des gens encore plus paumés que nous, limite agressifs.

Paris. J’ai croisé un chauffeur de taxi qui parlait tout seul sur le trajet maison – gare de l’est. Entre Orly et la maison, un chauffeur m’a convaincu de partir en vacances au Ghana. Entre la maison et la gare de Lyon, j’ai appelé monsieur une conductrice de taxi qui ne s’est jamais vexée, mais n’a pas tenu à clarifier la situation avant d’avoir traversé la Seine. Enfin, le dernier taxi qui m’a ramené au bureau m’a dit, solennel, « ha, moi aussi j’ai travaillé ici, il y a 20 ans. C’était des usines ! Regardez, j’ai perdu mon doigt ! »

19 février 2009

Chez Pierrot, plus tu manges gras, plus tu aimes ça


Les week-end dans le Nord de la France ne manquent pas de surprises. Ainsi, alors que nous arpentions la Flandre, nous nous arrêtâmes à l’estaminet dit du centre à Godewaersvelde, où un certain Pierrot office de temps à autres, entre fourneaux et troquet.

Pierrot, tout le monde le connaît, sauf moi, qui n’ai jamais capté France 3 Nord Pas de Calais. Ce cuisto rondouillard, – « star sans étoile », titre La Voix du Nord, est le co-animateur de l’émission culinaire diffusée sur l’édition locale de la chaine régionale. Sa spécialité ? Les cochonnailles, les tripailles et les choses grasses, mais bonnes, servies avec un saladier de frites au gras de bœuf, accompagnées d’une sauce tartare, d’une bonne bière forte ( idéalement, la triple karmeliet, à 8,6°) et d’un peu de salade pour la couleur.

Chez Pierrot, on finit par une part de tarte à la cassonade, dont seuls quelques initiés connaissent l’existence. Les clients ne sont pas tous jeunes. Des cinquantenaires en vadrouille mirent ma place près du poële en faïence blanche, qui trône au centre de la pièce et répend une agréable chaleur.

A la fin du repas, je repars avec un petit marque-page, bien commode pour se retrouver dans ses lectures. Sur ce marque page, Pierrot et son épouse proposent des flamiches et des tripailles, du mardi au dimanche, de 11h30 à 14h et de 19h à 22h.
Bon appétit bien sûr!

28 janvier 2009

Je n’irai plus voir de première partie

Dananananaykroyd. Un éternuement. Un grognement. Le rugissement d’une moto bruyante dans la rue desserte un dimanche matin.

Non, Dananananaykroyd c’est le nom d’un groupe de musique. Enfin un groupe de types qui montent sur scène. Quoique, un des types a fini sa prestation dans la foule à distribuer, à qui voulait et à titre tout à fait gracieux, des câlins plein de sincérité et de sueur.

Dananananaykroyd, c’est le nom affiché sur le ticket pour la première partie du concert Kaiser Chiefs. Soyons honnêtes, les premières parties, c’est toujours un peu décevant. Au mieux, on a une jeune chanteuse un peu timide qui bricole quelques mélodies sur sa guitare, au pire on a Dananananaykroyd.

Il faut noter le caractère tout à fait exceptionnel de la mauvaise qualité du chant de ces jeunes gens. Sous prétexte de savoir manier un minimum leur guitare, ces accros au jeans slim à la mèche rebelle crient leurs vocalises et se perdent dans des registres d’horreurs phoniques, comme si toutes les craies du monde s’étaient donné la main pour crisser ensemble sur le même tableau noir…

Quarante minutes plus tard, les membres de Kaiser Chiefs, entrent en scène. Leur arrivée donne l’impression d’avoir réparé la TV. L’image est enfin réglée sur le bon format (les membres de Kaiser Chiefs mesurent plus d’1m20 et font plus de 50 kg), et le son est surtout beaucoup plus agréable et entrainant…