29 septembre 2006

Les aventures de Monsieur Chat : le syndrome du chat bouché

Dans toutes les bonnes séries de notre enfance ou les bons films de série Z, il existe un second rôle drôle et gaffeur : Joey dans friends, Rantanplan dans Lucky Luke ou encore Monsieur Drumond dans Arnold et Willie. Pour ce blog, j'ai décidé que ce rôle serait attribué à Monsieur Chat, mon colocataire félin.

Un soir, alors qu'il n'avait que six mois, Monsieur Chat n'avait pas l'air très bien. Il n'arrivait pas à uriner. Il avait essayé dans sa litière, sans résultat, alors il a essayé de se soulager un peu partout dans l'appartement, histoire de voir si ça marchait pas mieux : sur le parquet, sur le lit, sous les meubles ; rien à faire, ça ne sortait pas. Il avait l'air de souffrir quand même, et pire, il semblait devenir insensible à ses stimuli habituels ; pas de réaction au bruit magique des croquettes dans le bol, pas volontaire pour engloutir un petit sachet de viandes pour matoux, même pas intéressé par un yaourt ou une saucisse pleine de bonne graisse de cochon. Ç'aurait été la soirée idéale pour commander des sushi à la maison et les déguster en paix, pour une fois, sans un chat qui tente par tous les moyens, au delà même du respect des accords de Genève, de venir avaler le petit morceau thon sur la boule de riz.

Le lendemain, on est allé déposer ce chat chez le vétérinaire, qui a diagnostiqué un syndrome du chat bouché. Il nous l'a rendu tout flappi et vidé, avec tout un tas de médicaments pour chats très très chers, et une radio du chat montrait précisément l’emplacement des caillots. Le véto, très fier, nous disait qu’il avait utilisé une vieille technique de l’école vétérinaire : il a appuyé très fort sur la vessie du chat pour tout faire sortir. Beau métier. Après nous avoir reproché d’avoir acheté ces saloperies de croquettes de commerce, il nous recommandait de garder un œil sur Monsieur Chat si si d'aventure le mal le reprenait.

Le soir même, ou plutôt la nuit suivante, alors que je rêvais que mon appartement s'était transformé en glace Hagens Das géante, Monsieur Chat s'est mis à témoigner de fortes douleurs dans la vessie.

Dans la panique provoquée par ces hurlements et la réaction éventuelle des voisins, nous avons contacté SOS Véto, qui intervient pour les urgences vétérinaires à domicile.
- Allooo, SOS véto bonjour !!
- Oui, on a un chat qui est bouché !
- Ca à l'air grave ?
- Je sais pas, il a l'air de se plaindre en tout cas
- Passez le moi, et appuyer sur sa vessie
- c’est où ?
-… devinez…
- MIAUOUOUOUOUOUWOUWOU
- Ha, vous avez trouvé ! Ressayez pour voir
- MIAUOUOUOUOUOUWOUWOU…GRRR
- On vous envoie quelqu'un tout de suite!

Sur la base des hurlements du chat, le Docteur Boulet (véridique !!) est venu nous rendre une petite visite à deux heures matin. J’ouvre une parenthèse, mais sur le coup, il a d’abord fallu résoudre le dilemme de notre tenue vestimentaire, ma demoiselle et moi. Et oui, à cette heure, on est censé dormir, mais on ne va pas recevoir un toubib en pyjama, c’est-à-dire en vieux caleçon et t-shirt publicitaire. S’habiller ? C’est ridicule, il est tard, et on est sensé dormir. Mettre un peignoir ? Non, on ne tourne pas un porno. Seule solution : mettre ce vieux pantalon de jogging qui attends au fond du placard que je le sorte pour son premier footing depuis 3 ans !

Le Docteur, l’air sérieux, équipé d’une grosse mallette, plaça le chat sur notre table de cuisine. D’une main, il le tenait fermement par la peau du cou, de l’autre, il palpait différentes parties du chat, provoquant des miaulements plus ou moins aigus. On aurait dit un orgue, qui joue du chat méchant et trop fort. « Vous inquiétez pas pour le bruit, les sons graves ne passent au travers des murs et n’iront pas réveillé le voisinage » nous a dit le véto… la torture a de belle heure devant elle encore.

Quand il a relâché Monsieur Chat, celui-ci s’est réfugié dans sa cachette préférée : la zone sous le canapé inaccessible par mes bras, pendant que le docteur nous disait : « Ben il va pas si mal votre chat, c’est juste qu’il est bon comédien ! Ca ira mieux demain, et surtout éviter de lui donner ces saloperies de croquettes du commerce, ca bouche tout ! Je raconte pas l’état de certains chats bouchés, moins pleurnichard que le votre ! Allez, on m’appelle pour un accouchement d’éléphant, bonne nuit ! »

Sur ces paroles, il nous délesta de plusieurs dizaine d’euros et s’éloigna dans la pénombre de la nuit nous laissant seuls dans le désarroi, au milieu des miaulements rauques de ce chat tapageur.

5 commentaires:

Monsieur Type a dit…

J'ajoute Mademoiselle Type à la signature de ce billet pour la précision de certains détails. Monsieur Chat a tenu a gardé l'anonymat...

Anonyme a dit…

Faut faire gaffe quand on achète son chat, si il a un boyau qui sort du cul, c'est mauvais signe...

Anonyme a dit…

Il faut reconnaitre que les chats sont en général de bien mauvais patients. Je me rappelle d'un chat familial (Ulysse) à qui il avait fallu mettre de la pommade dans les oreilles. Je ne sais pas quelle mécanisme ce felin avait été capable de littéralement fermer ses oreilles pour qu'aucun embout de tube de pommade ne puisse y penétrer. Et bien sur dès la deuxième sceance il reconnaissait le tube et détalait à peine de tube sorti pour se réfugier dans un endroit particulièrement inaccessible. En plus les chats sentent quand on leur prépare une entourloupe. Après il reste toujours le bon vieux stratagème du bruit du paquet de croquette qui fait en général accourir le chat le plus méfiant. C'est marrant cette lutte entre leur cerveau qui sait qu'il y a danger ou guet-appens et leur estomac qui dit "chouette des croquettes". Ce qui est rigolo c'est que chez les chats c'est toujours l'estomac qui l'emporte, sinon ils ne prendraient jamais de médicament. Ruse sans parade : cacher les médicaments dans une crème de gruyère. La crème de gruyère les rend tellement fous qu'ils ne se rendent même pas compte qu'il y a un cachet dedans. Bien sur il y a aussi les chats particulièrement retors qui arrivent à trier dans leur gueule la crème de gruyère du comprimé avant de le recracher mais c'est assez rare...

Anonyme a dit…

Débat : peut-on accueillir un vétérinaire en robe de chambre ? Doit-on se laisser voir en pantoufle par ses voisins ?

Bize
K.

Anonyme a dit…

Pour le débat, c'est un peu fossé, les voisins sont toujours ces gens n extérieur à notre famille, qu'on aperçoit un moment ou un autre de notre vie en pantoufle. Que ce soit leur venue pour dire qu'on fait trop de bruit après 21h59 ou pour emprunter une cuillère de sel, de beurre ou d'huile... Aucun voisin ne se réservera la politesse de venir en soulier. D'ailleurs, j'en soupçonne pas mal de mon immeuble de se réunir dans les caves et d'organiser des concours de pantoufles : "t'as vu mes charentaises?" "Oui, mais moi, regardes! J'ai un trou au niveau du gros pouce!" "Moi, mon chien a machouiller la semelle au niveau du talon!" "Hey, mais je vous bat tous, les miennes sentent comme l'intérieur d'une jument!"... Un coup de porto (l'alcool de l'amitié mondaine des immeubles) pour aider tout ça...