03 novembre 2006

Sacré Virenque !

Il y a quelques années, je faisais un stage dans une entreprise spécialisée en Relations Presse, à grands coups de verres de champagne, de strass et de paillettes…

J'ouvre une parenthèse ( : quelqu'un sait ce qu'est du strass ? Tout le monde en parle, sans savoir ce que c'est vraiment, jusqu'au jour où on sort ce mot dans le mauvais contexte, comme « tiens, tu te prends pour un strass toi ! ». La c'est la honte assurée, et ce sera votre tour pendant des semaines d'aller réserver les salles de réunions auprès de la terrible secrétaire du service, qui te dira au moins dix fois « la clé ! N’oubliez pas de me rendre la clé ! C’est toujours pareil avec les gens de votre age»)

Bref, ce jour là je devais faire tout un tas de trucs épuisants de stagiaire : distribuer les badges, servir du café à mon chef, aller acheter des piles à la superette du coin, regarder de loin seulement les hôtesses d'accueil, me faire engueuler pour rien…

La société qui m'employait organisait une grande conférence de presse pour le lancement de la saison cycliste : on avait convoqué tout le gratin des journalistes sportifs pour faire la présentation de cette nouvelle équipe : l'équipe, vélo mag, VTT mag, ils étaient tous là. Sur le podium, les cyclistes en tenue exhibaient fièrement leurs cuisses, grosses comme deux fois leurs torses, et répondaient avec grande difficulté aux questions des journalistes.

Après cette longue journée, je retrouvais les cyclistes à l'hôtel IBIS de la Porte d'Italie pour un dîner plein de pâtes. C'est fou ce qu'un cycliste mange comme pâtes, y compris quand il n'a rien fait d'autres que de dire à des journalistes que oui, son rêve c'est de gagner une étape du Tour de France mais qu'il ne faut pas oublier les classiques, ou que non, il ne se dope pas et que de toute façon il ne sait même
pas ce que cela veut dire.

Une fois le dîner terminé, tout le monde se dirige le plus naturellement du monde vers le bar. Là-bas, je me mets à discuter avec quelques pousses-pédales. En fait, il n'y a pas qu'aux journalistes que ces paires de cuisses ne savent pas parler. Ils n'ont aucune conversation. Je les sens tendu, j’essaie alors de les détendre en proposant une tournée de bière. Mais mes dopés daignent m'accompagner d'une bonne mousse, pour s'accouder au bar et siffler quelques touristes italiennes passant au loin. Dommage, je me voyais déjà au milieu d'eux réunis en cercle autour de moi, à raconter mille exploits extra ordinaire. Mais non, au lieu de tout ça, ils m'ont répondu : « bon, on va dormir… ». IL devait être dix heures du soir… et voilà presque seul au bar de cet hôtel un peu miteux… Le barman à l’air compréhensif et sert une mousse à boire tout seul (barman, qui, dans mes souvenirs, est habillé d'une veste rouge, frotte quelques verres d'un torchon blanc, est coiffé d'une grosse coupe afro, avec, je ne sais pas pourquoi, un petit singe qui se promène sur ses épaules).

C'est alors que se dirige vers moi ce type. Vous savez, dans les cocktails ou les soirées, ce genre de moment arrive souvent trop vite. Vous êtes seuls et vous croisez le regard de quelqu'un dont vous savez la compagnie pénible, mais c'est trop tard, il est déjà là, à vous dire un truc dont vous déjà discuté avec un voisin, un boulanger ou un chauffeur de taxi : la météo, les hôtels à Paris, ou mieux, le dopage…

« Alors, on découvre le vélo ! ». Mais là, stupeur, ce type, c’est Daniel Mangeas, le speaker officiel du Tour de France. Vous ne connaissez pas sa tête, mais sa voix. Depuis des décennies il écume les villages et communes d'à peine 5000 habitants en quête de notoriété, pour animer les arrivés des courses, par tout temps et toute saison.

Alors il me parle de ses passions, le vélo, puis le cabaret spectacle. Daniel organise des événements. Il utilise sa notoriété (très forte dans le monde agricole) et son réseau (il connaît tout le peloton) pour mettre en place des critériums. Mais voilà, depuis quelques années, Virenque est devenu plus cher que Shirley et Dino, le duo qu’on voit souvent chez Sébastien (la scène décrite a quelques années), alors Daniel dorénavant organise des soirées cabarets dans des villages. Il transforme une grange en restaurant luxueux, invite tout le gratin local (curée, élus, notaires, médecins…) et donne à Shirley et Dino une occasion en or pour renforcer leur notoriété face à un public gonflé au mauvais vin local qui paie chèrement sa place. Alors Virenque…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'adore ce blog.
Continue petit, continue...