06 novembre 2008

Panique au siège social

Je vais vous raconter une sacrée histoire. Pierre Bellemare voudra probablement me l'acheter pour faire un de ces mauvais films diffusés une après-midi sur l'excellente chaîne TMC, entre une énième rediffusion de l'histoire de l'avocate aveugle accompagnée d’un petit singe à la place du chien-guide et d'une émission de téléshopping avec la voix française de Bruce Willis dans le rôle du type à la coupe de cheveux idéale.

Je travaille depuis quelques mois dans un quartier d'affaires. Pas la Défense et ces gigantesques tours à s'en faire de torticolis et des tournedos en brochette, mais plutôt un quartier discret, isolé des transports en commun et des ennuis. Enfin, c'est ce que je croyais jusqu’à ce qu'on apprenne que l'immeuble situé juste à côté du notre était fermé pour cause de maladie.

En effet, ce sont près de 150 personnes de la société voisine qui se sont trouvés malades ; le siège social en a été fermé. Nous, au début, on a rigolé. On se moquait d'eux à travers les vitres, en pointant nos doigts arrogants sur leurs façades. On s'imaginait qu'une armée de médecins échappés des meilleurs épisodes des Experts allait débarquer, en blouse blanches, stéthoscope et gants désinfectés, déversés par un flot d'hélicoptères bruyants.

Puis, on a appris qu'en fait il s'agissait d'un virus très contagieux. C'est alors que la panique a saisi le millier de collaborateur évoluant dans mon immeuble.

Quand on pense à la panique, on image les scènes du film « La tour Infernale » ou « le poséidon » (un film à grand spectacle où un bateau se retourne, les passagers meurent tous sauf une poignée de type malins qui pensent à s'échapper par la coque, guidés par le bon sens et la foi en Dieu). En fait, la panique fut plus feutrée, ni calme, ni violente. Mais on a palpé une tension dans l'atmosphère, comme quand un chat ne trouve plus sa litière, et que, mené par une envie pressante, il tourne avec rage dans l'appartement en courant d'un point A à un point B balançant toutes les affaires sur le passage.

Pour rassurer mes pairs, on m'a invité à diffuser à l'ensemble du siège une information sur la typologie du virus. Je me suis exécuté. Il fallait que j’envoie à un millier de personne « le virus est la gastro entérite ». Avant de valider l’envoi, j’ai cherché, longuement, un euphémisme. Un moyen de dire la même chose, mais en plus classe, histoire que ma signature associée à cet envoi ne ternissent mon image pour les 3 prochaines années.

J’ai donc contacté l’infermière pour lui demander comment formuler ma phrase. Elle m’a dit « vous savez, gastro entérite, c’est déjà le nom scientifique pour autre chose ». Entre temps, je recevais des appels « j’ai une bronchite, c’est lié ? » ou encore « je tousse, je tousse, mais qu’est ce que je tousse ! ».

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